Pourquoi cette guerre entre animal et végétal dans les noms de produits ?

Il existerait donc des laits qui ne proviennent pas du pis de la vache. Du lait de soja, du lait d’avoine, du lait d’amande et d’autres encore. Comme il existerait des nuggets, du steak ou des saucisses végétales.

Et, là, pile-poil, je mets le doigt sur le conflit qui oppose : les anciens et les modernes ou les progressistes et les conservateurs ou encore les apprentis chimistes et les traditionnalistes.

En fait, il y a une véritable guerre – ou guéguerre pour le prendre avec détachement – entre les deux camps : le camp des produits animaux (le lait en fait partie) et le camp des produits végétaux (les boissons d’amande ou de soja, par exemple).

Restons sur le cas des laits végétaux d’abord. Appellation légale ou illégale ? Ça dépend des produits. Il n’y a en réalité que deux fruits qui ont droit à l’appellation "lait" : l’amande et la coco. Tous les autres – et ils sont nombreux : soja, avoine, épeautre, riz et j’en passe – tous les autres ne sont officiellement que des "boissons végétales".

L'usage du mot "lait"

Le point de départ, c’est un arrêt de 2017 de la cour de justice de l’Union européenne qui interdit l’usage du mot "lait" pour un produit qui n’en contient pas.

Mais – parce que rien n’est simple dans cette guéguerre animal/végétal – il y a une exception pour l’amande et la coco en raison de leurs usages traditionnels. Et la règle est respectée. Faites un tour dans votre supermarché et vous verrez bien que la boisson à l’avoine ne s’appelle pas "lait d’avoine".

En revanche, c’est beaucoup plus tempétueux sur le marché des produits dits simili-carnés… Relance : Les nuggets, les steaks ou les saucisses végétales, c’est ça ? Exact. Là, c’est décision de justice contre décision de justice.

Ça fait des années que ça dure. En février 2024, les pro-viandes pensaient bien avoir gagné avec un décret du gouvernement interdisant l’utilisation de termes liés à la viande pour définir un produit végétal.

Pourquoi cette guéguerre ?

Les steaks de soja allaient peut-être devoir devenir des "sphères aplaties", les chipolatas végétales des "tubes végétaux aux herbes de Provence". Et puis il y a à peine 10 jours, le Conseil d’État a retoqué le décret du gouvernement.

Les chipotalas végétales pouvaient de nouveau s’appeler chipolatas ! Pourquoi cette guéguerre ? Les filières d’élevage se sentent attaquées par ces nouveaux conquistadors du végétal qui n’existent d’ailleurs que "par rapport" aux produits classiques et en les dénigrant.

Ceux qui fabriquent des steaks végétaux mettent par exemple en avant qu’ils consomment quatre fois moins d’eau et émettent 30 fois moins de gaz à effet de serre qu’un steak de bœuf.

Donc, inutile de vous dire que les éleveurs de bœuf et les industriels de la "vraie" viande voient d’un mauvais œil les saucisses ou chipolatas végétales. Parce que ce sont clairement des concurrents.

Avec parfois le doigt de militantisme, voire de mauvaise foi, qui va bien avec. Alors, ceux qu’on va appeler les traditionnels veulent freiner le développement de ces nouveaux produits. Le plus facile c’est de leur interdire l’utilisation de noms qui font référence.

Juridiquement, on n’est pas à l’abri d’un énième rebondissement. Mais, sur le fond, est-ce que ça empêchera le développement des alternatives végétales. Non, évidemment. Au mieux, ça le ralentira.

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info