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Paris : des restaurants servent-ils des vins moins chers que ceux commandés ?
Vous aviez commandé un verre de Chablis, le meilleur selon la carte, mais il vous semble en goûtant que c'est du Sauvignon, dont le prix est moins cher ? Dans une enquête de nos confrères du Parisien, des serveurs de la capitale témoignent faire ce petit tour de passe-passe.
Du vin blanc (illustration).
Crédit : GEORGES GOBET / AFP
À Paris, certains restaurants touristiques remplacent des vins chers par des crus bon marché. Ce tour de magie porte un nom chez les restaurateurs : le rempotage. Dans une enquête publiée par le Parisien, des employés expliquent, sous la pression de leur patron, qu’ils troquent dans les ballons des clients un vin plutôt honorable par de la "piquette", ou du moins, un vin plus bon marché. De quoi rappeler une scène qui fera sourire les amateurs du film et pièce de théâtre Le Dîner de cons.
Le procédé est le suivant : vous commandez un verre de Chablis, et on vous apporte un ballon rempli d'un vin blanc, bien moins cher à la carte, à votre insu. Deux sommeliers en ont fait l'expérience : "Je ne retrouve pas les marqueurs du Chablis", argumente l'un d'eux, surpris par sa dégustation. L’objectif, pour ces restaurateurs malhonnêtes, c’est bien de faire des économies. La pratique est répréhensible par la loi, passible d’une amende de 300.000 euros et de 2 ans de prison.
Alors comment éviter de se faire arnaquer au restaurant ? Ce conseil : demandez au serveur de vous montrer la bouteille avant qu’il ne vous verse le vin. Dans les établissements parisiens visités dans le cadre de cette enquête, aucun serveur ne l’a fait.
Une tromperie sur le client qui peut avoir des répercussions sur les viticulteurs
La pratique, si elle fait perdre quelques euros aux clients, inquiète aussi les professionnels du secteur du vin : "Imaginez un client qui demande un verre de côte du Rhône, à qui l’on sert en réalité un vin de Bordeaux. Il peut être déçu de sa dégustation et se détourner de tous les vins de l'appellation Côte du Rhône à l’avenir", constate inquiet Jérôme Bauer.
Interrogé par Le Parisien, ce viticulteur représente les producteurs de vins Appellation Origine Contrôlée. "Il faut que les restaurateurs soient conscients qu'on a des pépites en France, et qu'il ne faut surtout pas les usurper", insiste-t-il. Il rappelle le contexte de décroissance du marché viticole : l’an dernier, la consommation mondiale de vin a été à son niveau le plus bas depuis 1961.
