Paris a réduit ses émissions de gaz à effet de 25% en 10 ans : "Ça ne va pas assez vite", nuance Jean-Marc Jancovici

Une bonne nouvelle alors que les dirigeants mondiaux sont actuellement réunis au Brésil pour échanger sur l'environnement lors de la COP30 : la ville de Paris a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 25% en 10 ans. 

Concrètement, les mesures prennent en compte les émissions qui ont lieu directement à l'intérieur de l'enceinte de la ville, et qui proviennent des chaudières, des logements, des bureaux ou encore des voitures qui circulent. Une baisse de 25% signifie que tous ces facteurs ont collectivement émis un quart de gaz à effet de serre en moins sur les 10 dernières années. 

S'il s'agit là d'un pas dans la bonne direction pour la planète, le changement ne s'opère toutefois pas assez rapidement. Ça ne va pas assez vite, car si l'on veut rester cohérent avec les objectifs fixés par l'Accord de Paris afin de limiter le réchauffement planétaire à 2°C, il faudrait que les émissions baissent globalement de 5% par an. Sur 10 ans, on devrait donc s'approcher d'une réduction de 50% des gaz à effet de serre, et non de 25%. 

Comment amplifier la baisse des émissions ?

Pour accélérer cette baisse des émissions, il faut donc continuer d'électrifier les réseaux de mobilité, et laisser de côté la voiture en faveur des transports en commun ou des modes dits "actifs", comme la marche à pied ou le vélo. Un objectif plus facile à tenir à Paris que dans d'autres villes, compte tenu du réseau de transports bien étendus. 

Il faut également continuer à isoler les logements et faire la chasse aux passoires thermiques, mais aussi décarboner le chauffage, remplacer le gaz et le fioul par des pompes à chaleur tournant à l'électricité qui, en France, est bas carbone. Mais avec les épisodes caniculaires de plus en plus fréquents, il faut également lutter dans le sens inverse, et trouver des solutions aux îlots de chaleur. 

La neutralité carbone, un objectif inatteignable ?

Mais même en cochant toutes ces cases, Paris parviendrait-elle à atteindre la neutralité carbone ? Cela semble peu probable. Car les mesures prennent en compte les gaz émis à l'intérieur de la capitale, mais les Parisiens utilisent au quotidien des biens qui proviennent de l'extérieur, et qui participent aussi à ces émissions : les vêtements, l'électroménager, même la nourriture... Pour atteindre la neutralité carbone, il faudrait donc que la chaîne de production de ces biens n'émette également aucun gaz à effet de serre. 

Autre problème pour Paris : la neutralité carbone signifie qu'il faudrait tirer un trait sur le transport aérien, très gros émetteur, mais dont Paris est cependant dépendante pour une large partie de son activité économique. 

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