Vous trouvez facilement aujourd'hui des parfums à 2, 5 ou 10 euros dans les grandes enseignes de hard discount, sur internet, dans des magasins spécialisés et dans des chaînes de magasins de vêtements. Ces fragrances ressemblent à des grands parfums de marque, mais coûtent 10 à 15 fois moins cher.
Cette différence de prix s'explique facilement. Pour créer un Dupe, pas besoin de 4 ans de recherche et développement comme pour un parfum, pas besoin de payer l'égérie et le marketing. Il s'agit simplement d'un flacon avec un numéro ou un nom inventé. Pour réduire les coûts, les Dupes utilisent des produits de synthèse, tandis que les marques sélectionnent des matières premières de qualité, comme les fleurs de Grasse.
Quant à la composition, les Dupes mettent l'accent uniquement sur les notes de tête, pour séduire tout-de-suite, mais pas sur les notes de coeur ou les notes de fonds, très importantes pour les grandes marques car elles assurent la tenue du parfum. Donc l'odeur persiste moins longtemps.
Pour l'instant un dupe est légal, mais l'étau se ressert face à certaines pratiques. Les douanes françaises ont saisi l'an dernier 650.000 parfums contrefaits, soit six fois plus qu'il y a quatre ans. Des parfums qui copient le nom d'une marque ou son flacon, avec n'importe quoi à l'intérieur. Ils y ont même trouvé de l'antigel et de l'urine animale en guise de conservateur.
Cependant, un Dupe est différent : tout le monde peut créer son propre parfum ! Une odeur n'est pas protégée en tant que telle. C'est légal tant qu'il n'y a pas de référence explicite à une marque ou à un modèle de parfum existant. Sur un site marchand, lorsque des expressions comme "évoque tel parfum" ou "parfum à la façon de telle marque" sont utilisées, cela devient illégal, car une marque est exploitée pour en vendre une autre.
Les procédures judiciaires pour pratiques commerciales trompeuses se multiplient contre ces sites, ainsi que contre des magasins affichant des tableaux de correspondance entre leurs parfums bon marché et les grandes marques.
Là où des créateurs de dupes se sont montrés très malins, c'est qu'ils inscrivent juste un numéro sur un flacon, ou un nom inventé, sans nommer personne. Donc pas vu pas pris, c'est un parfum lambda.
Leur stratégie repose sur les influenceurs des réseaux sociaux, qui révèlent les noms des parfums imités et les lieux où les acheter. Le hashtag #Dupes a été utilisé plus de 3 milliards de fois, rendant ces produits viraux sur TikTok et Instagram, selon l'Unifab (Union des Fabricants pour la Protection Internationale de la Propriété Intellectuelle), qui lutte contre la contrefaçon.
Les grandes marques de parfums restent vigilantes. La France, premier producteur et exportateur de parfums en Europe, compte 166.000 emplois directs et 113.000 emplois indirects dans le secteur cosmétique. Elles dénoncent une concurrence déloyale.
Ce marché des Dupes peut être très lucratif. Les contrefaçons de produits cosmétiques représentent déjà 5% des ventes en Europe et ont fait perdre 3 milliards d'euros de recettes l'an dernier au secteur. Le terme "Dupe" vient de "duplicate" en anglais, mais les marques estiment qu'il signifie surtout "duperie" en français.
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