La malédiction de l'EPR est-elle sur le point de prendre fin ? Lors de son intervention à l'Élysée mardi 16 octobre, Emmanuel Macron s'est exprimé sur les décisions à venir en matière de transition énergétique. Au cours de cette allocution filmée, il a brièvement évoqué des changements "historiques et structurants" pour la France.
Cette petite phrase, qui aurait pu passer inaperçu, pourrait pourtant augurer d'annonces spectaculaires dans les prochains jours. Dont une, particulièrement attendue : l'Élysée pourrait annoncer la fermeture de plusieurs centrales nucléaires, dont Fessenheim, et la construction de nouveaux EPR sur le territoire français.
Car contrairement à ce que réclament les écologistes, le gouvernement ne semble pas vouloir abandonner le nucléaire de sitôt. Un rapport commandé par Bercy le mois dernier préconisait la construction de six EPR supplémentaires. Des constructions pour maintenir "notre savoir-faire industriel", faisait-on alors valoir.
Il existe actuellement cinq projets d'EPR dans le monde : à Flamanville (Manche), à Olkiluoto (Finlande), à Hinkley Point (Angleterre) et deux EPR à Taishan (sud de la Chine). Pour l'heure, seul le réacteur Taishan 1 est entré en fonctionnement, en juin dernier.
Pour comprendre à quoi correspond l'EPR, il faut déjà distinguer un réacteur d'une centrale nucléaire. La centrale désigne un site, sur lequel sont généralement implantés plusieurs réacteurs. Les réacteurs, eux, sont les engins qui abritent les réactions en chaîne permettant la fabrication d'électricité.
Le terme EPR ("Réacteur pressurisé européen" en français) désigne un réacteur nucléaire à eau pressurisée dit "de troisième génération". Il s'agit d'une version modernisée des réacteurs à eau sous pression (REP) de deuxième génération. En France, 58 REP sont actuellement en service.
Selon le site Techniques de l'Ingénieur, l'EPR possède un meilleur rendement que son prédécesseur : sa puissance électrique atteint les 1.600 mégawatts contre seulement 1.000 MW pour les REP.
Initié dans les années 1980, le projet EPR avait à l'origine pour objectif d'améliorer la sûreté des centrales nucléaires. Ce nouveau programme devait permettre de supprimer le risque d'accident avec fusion du cœur du réacteur, comme ce qui a eu lieu en 1979 à Three Mile Island, en 1986 à Tchernobyl et à Fukushima en 2011.
Pensé pour remplacer les réacteurs de deuxième génération vieillissants, l'EPR est censé offrir une meilleure compétitivité à l'électricité issue du nucléaire et doit durer plus longtemps que les réacteurs actuels. Les chercheurs tablent ainsi sur une durée de vie de 60 ans contre 40 ans pour les REP.
Malgré ces promesses de performance, l'EPR est devenu synonyme d'un des plus grands fiasco industriels et financiers de ces dernières années.
En 2005, lorsque la construction de l'EPR d'Olkiluoto a débuté en Finlande, le chantier devait durer quatre ans. Le réacteur ne devrait finalement être livré qu'en mai 2019... après une décennie de
retard accumulé. Estimé à 3,2 milliards
d'euros au départ, le coût du projet atteint désormais 10 milliards d'euros.
La malédiction de l'EPR ne s'est pas arrêtée aux frontières finlandaises. Le réacteur de Flamanville, en Normandie, devait être livré en 2012 pour un coût de 3 milliards d'euros. Six ans plus tard, le démarrage de la centrale est prévu pour fin 2019. Son coût a triplé, passant à 10,9 milliards d'euros.
Ces coûts exorbitants ont mis Areva en quasi-faillite. C'est finalement l'État français qui a dû mettre la main à la poche pour sauver le groupe.
Bien que l'EPR fonctionne sur le même principe que les anciens réacteurs, sa construction reste techniquement complexe. Ce nouveau réacteur doit être à la fois plus puissant et plus sûr que les REP. Multiplication des systèmes de refroidissement d'urgence, renforcement de l'étanchéité de l'enceinte du réacteur... Sur le terrain, ces difficultés techniques se sont traduites par des retards dans la construction des réacteurs.
À ces aléas techniques s'ajoutent d'autres "anomalies". En 2012 par exemple, un problème de qualité des pièces a contraint EDF à stopper le chantier de Flamanville pendant plusieurs mois, le temps de refabriquer les éléments nécessaires, rapporte le quotidien Les Echos.
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