Au-delà de toute perception, les chiffres sont accablants : le taux d’entrée sur le marché du travail en CDD a littéralement explosé. Selon la dernière étude du ministère du Travail, il a été multiplié par quatre en 25 ans.
Dernière cette statistique, on doit retenir deux points majeurs. Si l'on ne considère que les entreprises de plus de cinquante salariés, il est passé de 20 à 84%. Les CDD sont devenus des CUC (des contrats ultra-courts) : plus de huit sur dix durent moins de trente jours ; et parmi ces postes éphémères, le tiers s'éteint à la fin de la première et unique journée de contrat.
Ce raz-de-marée de contrats courts touche-t-il toutes les professions ? La situation est paradoxale. L'industrie (qui a fondu en France) et la construction (qui vibrionne) recrutent de plus en plus en CDI. La première parce que les compétences techniques se raréfient dans notre pays ; la seconde parce qu'il faut conserver les collaborateurs formés.
En revanche, c'est un désastre dans des secteurs déjà peu attractifs : services d'aide à la personne, hôtellerie-restauration, nettoyage, logistique, distribution. Dans ces activités, le CDI est un oiseau rare, quand ce n'est pas une espèce en voie de disparition.
Emmanuel Macron avait pourtant annoncé une mesure pour enrayer ces CDD courts. Un engagement de campagne qui annonçait un bonus-malus sur les cotisations sociales des entreprises qui abusent du système.