Les chiffres du chômage reviennent mercredi 5 avril. Désormais, ils sont publiés dans le détail et commentés tous les trois mois. Avant, ils étaient commentés tous les mois. Maintenant, vous pouvez commencer à décrire une tendance.
La tendance globale est à la baisse sur l'année mais peut-être pas pour les prochains chiffres, car il y a ce qu'on appelle chez les statisticiens un défaut de bouclage. À la fin de 2017, on a sans doute un peu surestimé la baisse du chômage et il est possible qu'on ait une petite correction demain. C'est le phénomène du "halo".
Avec la reprise et le regain d'optimisme, on voit revenir des demandeurs d'emplois qui étaient dans ce "halo du chômage", c'est-à-dire des gens découragés qui n'espéraient plus pouvoir retrouver un emploi et qui arrêtaient de chercher. Ils avaient disparu pendant des mois et ils reviennent aujourd'hui, faussant un peu les statistiques.
Même si on avait un chiffre un peu décevant, ça ne changerait pas l'évolution globale : on est sur une décrue. On retrouve les niveaux de 2009 c'est-à-dire avant la crise. C'est le retour de la croissance autour de 2% qui permet d'anticiper l'embellie sur le chômage, d'autant qu'il faut moins de croissance aujourd'hui pour recréer des emplois.
Il y a 10 ans, on disait qu'il fallait 1,7% de croissance pour commencer à faire baisser le chômage grâce aux créations nettes d'emplois. Aujourd'hui, il suffit de 1,2% de croissance. Un chiffre qu'on est certain de dépasser en 2018. Tout simplement parce qu'en 10 ans, on a gagné en productivité : on a besoin de moins de monde pour produire autant grâce à la robotisation.
Mais quand on regarde le flux des embauches, on constate qu'on a quand même de plus en plus d'emplois précaires. En 2000, 43% des contrats qui étaient signés duraient moins d'un mois. Aujourd'hui, c'est 80%. La moitié des contrats font même moins d'une semaine.
Vous avez donc des "sérial CDD", des gens qui enchaînent des contrats courts toute l'année dans la restauration, l'industrie ou la grande distribution par exemple. On signe en tout 25 millions de contrats de travail chaque année en France, mais 8 sur 10 font moins d'un mois.
Mais pour la première fois depuis 15 ans qu'on stabilise le nombre de signature de CDI. Ils étaient en chute libre et on stoppe cette chute.