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Les 35 heures sont devenues une obsession nationale

REPLAY / ÉDITO - Le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a encore annoncé la fin des 35 heures en fin de semaine dernière, déchaînant les critiques de son propre camp.

François Lenglet
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Crédit : Damien Rigondeaud
Les 35 heures sont devenues une obsession nationale
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Quinze ans après leur entrée en vigueur, toute la classe politique est obnubilée par les 35 heures. La gauche libérale, celle de Macron, veut les aménager. La gauche tout court s'arcboute et refuse toute évolution. Même la droite ne pense qu'à cela. Regardez le livre confession de Nicolas Sarkozy : il en parle lui aussi, en regrettant de ne pas les avoir supprimées. François Fillon veut également les faire sauter, s'il était élu. Les 35 heures sont devenus une obsession nationale.

Mais pourquoi y a-t-il une telle fixation ? Côté gauche classique, c'est la dernière conquête sociale. C'est au moins comme cela qu'est vue la réduction du temps de travail. Pas question de revenir sur une telle avancée, surtout au moment où la gauche rompt avec une partie de son histoire et pratique une politique de gestionnaire, très proche de celle de la droite modérée. Les 35 heures, c'est le dernier marqueur qui sépare les deux camps. Pour les syndicats, c'est aussi un chiffon rouge. Parce qu'on est au cœur du modèle social français, qui concentre toute son énergie sur la protection et la défense des intérêts des salariés en place, le modèle CDI-RTT, et ignore superbement les millions de chômeurs et de personnes qui vivent dans la précarité.C'est aussi incontestablement une obsession pour les patrons. Pour le patronat, les 35 heures sont le symbole d'une politique économique qui pénalise l'employeur et augmente les coûts salariaux. Eux aussi en ont fait un chiffon rouge, alors qu'il y a déjà des façons de les aménager.


Est-ce que ce serait vraiment utile à l'économie française de supprimer ces fameuses 35 heures ? Si on avait plus de souplesse, il y aurait eu probablement moins de destructions d'emplois pendant la crise. L'idée d'Emmanuel Macron, c'est de négocier au sein des branches professionnelles, ou même des entreprises, un temps de travail qui pourrait varier en fonction de la conjoncture : plus de travail quand il y a de l'activité, et moins quand ça fléchit, à salaire égal. Le salarié serait pénalisé parce qu'il n'y aurait plus de paiement d'heures supplémentaires, mais il pourrait y gagner en période de basses eaux en préservant son poste de travail. En gros, les salariés en place seraient un peu pénalisés avec des horaires variant davantage et des revenus un peu moindres, mais il y aurait plus d'emploi, c'est-à-dire moins de chômeurs.

L'euro ou les 35 heures, c'est comme boire ou conduire : il faut choisir

François lenglet

C'est probable que cela se fasse un jour. Cela se fait déjà dans les entreprises de l'automobile, par exemple ; en contrepartie, la production sur le sol français a augmenté. C'est très difficile de préserver 35 heures à la française au sein avec une monnaie unique, face à des pays qui eux sont plus souples ou moins chers. Auparavant en France, on accordait aux salariés des avantages qui étaient financés soit par la croissance - il n'y en a plus -, soit par la dévaluation - on ne peut plus dévaluer le franc.

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Avec l'euro, tous les pays de la zone sont mis en concurrence les uns avec les autres, et les entreprises s'en vont dans les endroits les plus compétitifs. Le paradoxe, c'est que la France a mis en place les 35 heures juste au moment où elle entrait dans l'union monétaire européenne. Elle a continué à faire comme avant, sans comprendre que cela allait coûter cher en croissance un jour. L'euro ou les 35 heures, c'est comme boire ou conduire : il faut choisir.

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