L'Irlande a annoncé jeudi 12 mars le chiffre de la croissance qu'elle a connue en 2014 : +4,8%. C'est tout simplement le record d'Europe. C'est un très vif rebond que connaît le pays. L'année 2015 démarre avec une croissance qui sera un peu moins bonne, mais qui fera encore des jaloux, en particulier en France, puisqu'elle devrait être supérieure à 3%. Du coup, le chômage a fortement baissé : il est passé de 15% de la population active à 11% aujourd'hui. Quel retournement !
Comment les Irlandais ont-ils pu passer si vite d'une crise profonde au record de croissance ? Ils l'ont fait avec une méthode violente : une austérité massive. Avec en particulier une baisse des salaires, qui a mécaniquement amélioré la compétitivité. Le salaire d'embauche des jeunes a, par exemple, chuté de presque un tiers par rapport à l'avant-crise. Celui des fonctionnaires a été réduit de 11%.
C'est une économie ultra-flexible. Quand ça marche, elle flambe ; quand c'est la crise, elle plonge véritablement. Cela s'est payé par une violente chute des revenus et une progression de la pauvreté. Le pays a aussi conservé son système fiscal unique, avec un taux d'impôt sur les bénéfices qui le plus faible d'Europe (à 12,5%, bien plus faible que chez les autres). Cela lui permet de siphonner les investissements américains, en particulier dans l'informatique et la pharmacie.
Ce rebond est-il durable ? Le problème, c'est que dans un pays qui compte encore 11% de chômeurs et 30% chez les jeunes, il y a une pénurie de main d'œuvre qualifiée. Au point que Dublin a lancé un grand programme pour faire revenir les émigrés de la crise. Pendant les six années noires, 300.000 personnes ont quitté l'île. C'est un chiffre énorme pour ce petit pays. Les migrants sont partis au États-Unis ou en Australie, des pays qui ont connu la reprise beaucoup plus tôt.
L'Irlande est passée d'un déficit de 32% du PIB en 2010 à 5% l'an dernier
François Lenglet
Les flux ont commencé à ralentir l'année dernière. Ils devraient s'inverser cette année, car le nombre d'étrangers arrivant en Irlande pour s'y installer repart à la hausse grâce à la croissance revenue.
L'Irlande est sorti du programme d'aide européen. En décembre dernier, ils ont même remboursé par anticipation quelques-uns des nombreux milliards que la zone euro leur avait prêtés au plus fort de la crise. Ils sont passés d'un déficit de 32% du PIB durant l'année noire, en 2010, à 5% environ l'année dernière. Mais tout cela s'est fait avec une avalanche de taxes et de coupes dans les allocations sociales.
L'austérité semble avoir marché avec l'Irlande. C'est un pays qui a accepté des sacrifices considérables. C'est une économie très réactive, qui a de plus des liens étroits avec le monde anglo-saxon qui, lui, a connu la reprise plus tôt que les autres. C'est enfin un pays qui fait du dumping fiscal, à notre détriment.
Ce redressement a eu des coûts sociaux considérables. Une bonne partie d'une génération, celle des jeunes, a dû quitter le pays. 60% des chômeurs sont des chômeurs de longue durée. Il subsiste une dette privée très élevée, même si elle a baissé, et une dette publique considérable (130% du PIB), à cause du sauvetage des trois grandes banques qui a été fait durant la crise.
Pendant encore des années, les contribuables irlandais vont payer le prix des dramatiques erreurs de leurs banquiers.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte