Un magasin Leroy Merlin a été bombardé dans la banlieue de Kiev. Une pétition dans la foulée a été signée par 5.500 personnes pour demander le départ de l'enseigne de bricolage de Russie. Un drame inqualifiable d'un côté avec 8 victimes et de l'autre 36.000 salariés en Russie et un marché qui représente 18% de son chiffre d'affaires mondial.
Comment sortir d'un tel dilemme ? Y-a-t 'il une question de solidarité, de morale ? Sans doute. Mais quand on écoute les syndicats de l'enseigne, on comprend que ça n'est pas si simple. Ceux qui ont répondu lundi à Eric Vagnier tiennent le même discours que les PDG du CAC 40 qui sont là-bas.
La CGT a fait passer un communiqué qui dit ceci : "La première conséquence d'une fermeture des magasins du groupe Mulliez en Russie serait surtout des dizaines de milliers de personnes au chômage, ajoutant encore d'avantage de misère sur des personnes qui ne sont responsables de rien." L'argument n'est pas négligeable.
Si les russes qui travaillent pour des entreprises occidentales se retrouvent sans travail, il n'est pas du tout certain qu'ils se rebelleront et renverseront Vladimir Poutine. C'est un pari sur la misère très risqué.
On a surtout le sentiment que les grands groupes français ne veulent pas abandonner le marché russe. C'est vrai aussi : nous sommes très exposés en Russie : premier employeur étranger sur place, premier investisseur étranger. On compte plus de 160.000 russes qui travaillent pour un groupe français. Autrement dit, la France est bien plus impliquée dans ce conflit que les 1% de biens qu'elle exporte vers le pays ou que les 2% de marchandises qu'elle importe.
C'est pourtant ce que dit le gouvernement : la Russie est un petit acteur économique. Oui, on voit ça depuis un mois avec les conséquences sur le prix des céréales ou sur le plein d'essence. Mais surtout, la France est impliquée en Russie car beaucoup d'entreprises françaises sont Russes, en Russie : Renault est Avtovaz , La Société Générale s'appelle Rosbank, Totalenergies est un acteur majeur du gaz avec Novatek.
Est-ce que vous vous souvenez des BRIC ? C'était l'alpha et l'oméga de toutes les multinationales de la planète après l'explosion de la bulle internet en 2000 et le drame du Wall Trade Center, le 11 septembre 2001. Il fallait investir dans les BRIC : Brésil, Russie, Inde et Chine. C'était la croissance de demain car le vieux monde occidental était sur le point de vaciller comme les tours jumelles.
Pour la France, il était plus facile d'aller en Russie. Pourquoi ? L'histoire : On parlait français à la cour du Tsar et les nobles blancs étaient venus se réfugier en France au moment de la révolution bolchevique de 1917. La géographie : Nous ne sommes pas un géant de l'export et c'était plus simple de rester sur le même continent. L'histoire a soudé l'économie.
Et on a souvent réussi en Russie ce qu'on a raté ailleurs : Renault & Michelin dans l'automobile, Danone ou la famille Mulliez. Les 231 hypermarchés Auchan en Russie dégagent 3,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et pèsent pour 10% des résultats du groupe.
Quitter la Russie, c'est se fragiliser quand on est une entreprise française ? Oui. On peut fermer des magasins comme l'ont fait les géants du luxe. On peut stopper tous les nouveaux investissements. Tout ça est assez symbolique mais sans grandes conséquences à terme car si on signe une armistice entre Russes et Ukrainiens : il y aura une levée des sanctions économiques contre la Russie. Et on pourra reprendre les activités franco-russes après.
Donc on gagne du temps en ce moment ? Non. On manifeste sa désapprobation mais on n'hypothèque pas l'avenir. Le Ministre de l'Economie Russe a déjà prévenu : soit vous restez, soit vous cédez provisoirement votre entreprise à des gestionnaires russes, soit vous partez et on déclare l'entreprise en faillite. Aujourd'hui, quitter la Russie, c'est prendre le risque de laisser un outil industriel qui sera récupéré à petit prix par les chinois ou les indiens.
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