L'Europe va prendre son indépendance sur le gaz russe. C'est l'annonce faite lundi 28 février après une réunion d'urgence des ministres de l'Énergie. Que cela signifie-t-il ? Coupe-t-on les ponts sur le gaz ? Pas aujourd'hui. Tout simplement parce que l'Europe n'est pas capable de se passer du gaz russe d'un claquement de doigt.
En revanche, avec le conflit ukrainien, si la Russie décide de nous priver de gaz, il va bien falloir qu'on arrive quand même à qu'on évite le "black out", le noir total pour cause de cuves de gaz vides. C'est à cette éventualité, la pire, que l'Europe des 27 était forcée de se préparer en urgence. Quand serons-nous prêts ?
Ce qu'il faut savoir, c'est que déjà, pour finir l'hiver, sauf froid polaire qui s'abattraient maintenant sur nous, à ce part ce scénario catastrophe, les pays européens ont assez de réserves pour tenir, même si c'est du court terme. Ensuite, tous les moyens seront bons, comme faire appel à d'autres pays : la Norvège, l'Algérie et son géant des hydrocarbures Sonatrach, qui se tient prêt.
Autre possibilité : utiliser un autre type de gaz, le gaz naturel liquéfié, qu'on achemine par cargo. Problème : le coût du transport et les structures à construire. Quand vous récupérez du gaz devenu liquide, il faut le retransformer en vrai gaz à l'arrivée. C'est un chantier que lance l'Allemagne en urgence
Cela suffira-t-il ? C'est terrible, mais non. Il y a des risques que ça ne suffisent pas, qu'on ne soit pas prêts à l'hiver prochain. Alors, la France est relativement épargnée. Elle n'utilise que 17% de gaz russe. Mais pour l'Allemagne, qui utilise 60% de gaz russe, pour l'Italie, voire l'Autriche, carrément biberonné à 100% par Moscou. Là, il va falloir vraiment tout étudier, quoi qu'il en coûte.
Quoi qu'il en coûte, pour la planète : polluer noir pour se chauffer et s'éclairer. Pas plus tard que lundi, l'Italie a annoncé se préparer à rouvrir des centrales à charbon. L'Allemagne aussi en perd ses repères le charbon pour solution et le prolongement envisagé de ses dernières centrales nucléaires, à 180 degrés de sa politique des dernières années. Alors, les dirigeants expliquent que c'est transitoire, que c'est pour ensuite faire plus vert que vert. Mais c'est le piège de l'urgence.
L'Europe pourrait-elle donc abandonner ses ambitions vertes ? Au contraire, l'Europe va devoir justement, sur le long terme, miser encore plus sur les énergies renouvelables : l'électrique, l'hydrogène produit en Europe, pour l'indépendance face à Moscou, mais aussi vis-à-vis de tout autre puissance. Ne plus risquer de se voir couper les tuyaux d'énergie pour simplifier.
Ça va coûter cher aux pays européens. Plusieurs propositions sont sur la table : achetez en commun, stocker mieux, taxer les entreprises de l'énergie. Et pour les familles, les boucliers tarifaires des gouvernements ne suffiront pas. La transition va devoir être massive avec des rénovations thermiques à grande échelle. Tout le monde en est désormais conscient. C'est le très cher prix à payer maintenant pour ne pas avoir à régler une facture encore plus grande demain.
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