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"Gilets jaunes" : les zones rurales sont plus mobilisées que les grandes villes

Ce n'est pas seulement parce que c’est dans ces régions que l’on utilise le plus sa voiture. Dans ces petites villes françaises, on paye beaucoup d’impôts, alors que les services publics réduisent leur présence.

Des "gilets jaunes" près de Bordeaux, le 18 novembre 2018
Crédit : NICOLAS TUCAT / AFP
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François Lenglet
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Le mouvement des gilets jaunes s’est poursuivi dimanche 18 novembre, pour l’essentiel dans les zones rurales et les petites villes, qui semblent plus remontées contre le gouvernement.

Et ce n'est pas seulement parce que c’est dans ces régions que l’on utilise le plus sa voiture, pour aller travailler notamment, et donc que l’on est le plus exposé à la hausse du prix du carburant. Dans ces petites villes françaises, on paye beaucoup d’impôt, et parallèlement, on constate bien que les services publics réduisent leur présence : il y a moins d’hôpitaux, moins de tribunaux, moins de lignes de chemin de fer. 

Les manifestants se plaignent autant du niveau des impôts que du fait qu’il n’y ait pas assez de services en contrepartie. En ce sens, le mouvement est très différent du poujadisme anti-impôt classique. Mais il y a plus sérieux encore. Il y a dans ce mouvement, la révolte du rat des champs, bien plus que celle du rat des villes.

La France des villes dévore tout

De plus en plus, l’activité économique se concentre dans les grandes villes françaises. Les 13 agglomérations de plus de 500.000 habitants rassemblent une petite moitié de la population, mais les trois quarts de la croissance, ainsi que 82% des emplois créés ces dernières années. Ce qui veut dire que les villes petites ou moyennes sont désormais complètement à l’écart des autoroutes de la croissance. Plus ça va, plus l’activité se concentre dans les métropoles, au détriment des autres zones.

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La France des villes dévore tout. Parce que l’activité est désormais tirée par les services, qui se développent là où la population est la plus importante. Parce que les investissements, le capital, et les salariés les plus qualifiés et donc les mieux payés se regroupent aux mêmes endroits, généralement des endroits connectés au reste du monde. C’est-à-dire les grandes villes. C’est une forme de désertification économique. Le sable recouvre peu à peu les oasis de naguère, alors que les métropoles triomphent. 

Un mouvement mondial

Partout les villes dévorent l’économie. Au point que le clivage villes-campagne est devenu la clé de lecture des mouvements sociaux et de toutes les élections. La France de Macron au premier tour, c’est la France des villes. Les dernières élections américaines, les midterms, sont incroyables. Toutes les villes des États du Sud, qui étaient républicaines depuis plus d’un siècle (Richmond en Virginie, Charlottesville en Caroline du Sud), sont passées démocrates, c’est-à-dire globalement en faveur de l’ouverture internationale. Macronistes en un mot. 

À l’inverse, toutes les zones rurales naguère démocrates sont devenues trumpistes, c’est-à-dire nationalistes, partisanes des frontières et de l’intervention de l’État. Aux États-unis, on appelle les paysans les "rednecks", littéralement les cous rouges, à cause du soleil parce qu’ils travaillent dehors. Et bien cou rouge et gilets jaunes, c’est le même combat. 

C’est encore vrai en Italie, où Milan, la capitale économique, continue à voter pour les partis traditionnels alors qu'une bonne partie du pays est passé populiste. Au Royaume-Uni, la carte du vote du Brexit recoupe très largement ce clivage géo-économique. Et c’est vrai aussi en Hongrie, en Pologne, en Turquie, aux Philippines. Partout. 

Le principal défi politique des années qui viennent, c'est sortir de cet affrontement. Et la façon dont Macron le prend, en opposant les progressistes aux attardés, est très dangereuse. On a longtemps cru que le populisme allait confronter les peuples les uns aux autres. À court terme, le principal danger est qu’il oppose 2 moitiés du même peuple, à l’intérieur des frontières nationales. Surtout quand le président lui-même souffle sur les braises.

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