La crise financière d'Evergrande a fait chuter les bourses du monde entier cette semaine. Parce qu’on craint un effondrement du secteur immobilier, qui, par contagion, fragiliserait la finance mondiale. Une crainte sans doute excessive, parce que le gouvernement de Pékin a les moyens d’éviter un effet domino. C’est lui qui a provoqué la quasi-faillite d’Evergrande, en lui coupant les vivres, pour effrayer les spéculateurs. Lorsque les autorités estimeront que la punition a assez duré, elles devraient intervenir.
Toutefois, cette faillite sonne la fin du miracle économique chinois et de l’hyper-croissance que la Chine connaît depuis presque quarante ans. Car ce miracle n’était pas autre chose que le plus grand boom immobilier de l’histoire, causé par le plus grand exode rural de l’histoire. Des centaines de millions de paysans ont quitté les campagnes depuis les années 1980, pour venir travailler dans les villes, notamment pour l’exportation. Il a fallu leur construire des logements, des routes, des écoles, des restaurants, des magasins. La croissance chinoise, s'appuyait sur les recettes de l’exportation, mais aussi et surtout ces milliards de mètres cube de béton déversés sur la côte orientale du pays, pour construire des mégalopoles.
Comme toujours, il y a eu des excès, déclenchés par la hausse considérable du prix des terrains. Une fureur de la construction. Il y a aujourd’hui tellement de logements vides qu’on pourrait héberger 90 millions de personnes supplémentaires – c’est plus que la population française.
De plus, l’exode rural s’inverse, avec le retour à la campagne des retraités, les villes fondent. Et la population active, celle qui a la plus forte propension à acheter un logement, chute, moins sept millions d’individus par an, à cause du vieillissement. Par conséquent, les prix des appartements et des terrains plongent. Les ménages se sentent donc moins riches, ce qui va peser sur leur consommation. Et les autorités locales, provinces et municipalités, voient leurs moyens s’amenuiser, car leurs investissements ont été financés en hypothéquant des terrains dont la valeur ne cessait de progresser. La hausse des prix de l’immobilier a été le carburant de toute l’activité du pays.
Si le gouvernement parvient à piloter le dégonflement de manière progressive, on évitera le krach bancaire, qui est la conséquence habituelle d’un krach immobilier, parce que les prêts ne peuvent plus être remboursés par les ménages et les entreprises. Mais dans tous les cas, ce sera une croissance plus faible, entre 3 et 4% par an, contre 7% en moyenne sur la dernière décennie et plus de 10 lors de la décennie d’avant.
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