Emplois : pourquoi le marché du travail reste sous tension ?

Depuis des décennies, la France mène une lutte sans relâche contre le chômage. Qualifié de "maladie chronique", ce terme hante les discours politiques comme les analyses économiques. Si les chiffres s’améliorent par moments, le sentiment d’instabilité persiste. Et pour cause : le marché du travail évolue rapidement, trop vite parfois pour un système de formation ou des parcours professionnels conçus pour la stabilité.

Selon les dernières estimations, le taux de chômage pourrait se situer entre 7,5 et 8 % dans les mois à venir. Un niveau élevé, certes, mais en deçà de celui observé lors de la précédente décennie. Pour Thibault Guilluy, directeur général de France Travail, il convient de relativiser : "Quand j'ai pris mon poste fin 2023, on nous disait que le taux de chômage serait à 8 % fin 2024. Finalement, on a terminé à 7,3. On avait démarré à 7,4. Donc, il s'est stabilisé."

Des compétences à renouveler

La montée récente du chômage inquiète. Certains y voient un retournement brutal du marché. D’autres estiment que cette phase de correction était attendue. Aurélie Feld, présidente du cabinet LHH, le dit clairement : "Pendant la période de pandémie, on a soutenu l'économie. Et donc on a aussi probablement déployé des aides massives à des entreprises qui avaient assez peu de chances de survivre une fois qu'on débranchait ces aides. Ça ne peut pas être, de mon point de vue, le rôle de l'État de permettre indéfiniment à des entreprises de continuer une activité qui est structurellement déficitaire."

Le marché de l’emploi n’est plus celui des années 80. Les carrières linéaires s’effacent au profit de parcours de plus en plus hachés, instables et transversaux. Une réalité que confirme Thibault Guilluy, directeur général de France Travail : "Dans les années 80, une compétence, elle avait 30 ans en moyenne d'âge de vie. Maintenant, c'est 2 à 3 ans. Nous, l'ANPE, c'est l'agence du chômage. Nous, on est là pour accompagner les transitions professionnelles et les réussites. On va changer de métier en permanence. On va devoir réadapter ses compétences en permanence." 

Et d'ajouter : "C'est juste qu'on soit mieux organisé pour pouvoir accompagner chacun dans ses transitions. Comme celle passée du thermique à l'électrique, ce sont des nouvelles compétences, ce sont des nouveaux métiers."