Emmanuel Macron et le chancelier Olaf Scholz se retrouvent dimanche 22 janvier à Paris pour fêter l’anniversaire du traité franco-allemand de l’Élysée. Un traité qui avait scellé la réconciliation entre la France et l’Allemagne après la guerre en 1963, signé par De Gaulle et Konrad Adenauer. Or, après soixante ans d’amitié qui n’ont certes pas toujours été paisibles, les signes de divergence et d’agacement mutuel se multiplient.
D’abord, la relation personnelle entre les deux hommes n’est pas très
bonne. Pour les Allemands, Macron est la caricature du Français : hâbleur, pas
très sérieux en matière de finances publiques, toujours prompt aux envolées
lyriques tout en tirant la couverture à lui. Scholz, de son côté, est un
Allemand du Nord, ex-maire de la ville hanséatique et brumeuse de Hambourg.
Quand on lui parle, il y a toujours quelques secondes avant sa réponse, comme
si c’était avec une liaison satellite avec l’autre bout du monde. Son apparence
bonhomme dissimule une volonté farouche pour défendre "Deutschland uber alles" l’Allemagne avant tout.
L’Allemagne a tout fait pour torpiller le nucléaire en Europe, et le nôtre en particulier. Les naïfs y voyaient la crainte de l’accident atomique ; les autres, parmi lesquels des ministres français éminents, pointent une volonté délibérée de saper un avantage compétitif de l’industrie tricolore. Et les deux pays divergent profondément sur l’organisation du marché européen de l’énergie demain. Sur les livraisons d’armes à l’Ukraine. Sur la construction de l’avion du futur, chacun des deux pays voulant récupérer la maîtrise du projet. Sur la réponse à apporter aux mesures protectionnistes américaines.
Sur ce dernier sujet, notre intérêt n'est pas commun. Pour Paris, il faut mettre sur pied le même genre d’arsenal que l’Inflation Reduction Act de Joe Biden, qui octroie près de 400 milliards de subventions aux industriels s’installant aux États-Unis. Des dispositions qui peuvent aspirer sur le sol américain toute une partie de l’industrie européenne. C’est le plan Marshall à l’envers. D’autant que ces subventions s’ajoutent à une autre séduction, la faiblesse des prix de l’énergie aux États-Unis. Mais Berlin ne veut pas d’un tel dispositif, par crainte de mesures de rétorsion commerciale qui pénaliseraient ses exportations.