ÉDITO - Super League de football : ce que contient le nouveau projet de tournoi européen

Un coup de tonnerre a ébranlé jeudi 21 décembre le monde du football européen et son business. En effet, un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a autorisé la création d'un championnat de football privé. 

Jusqu'ici, l'organisation de ces compétitions était la prérogative des instances officielles du football - l'UEFA notamment - qui regroupe les fédérations nationales en Europe. Des fédérations nationales comme la FFF qui ne sont pas des entreprises, mais des associations. L'UEFA organise la Ligue des champions, jusqu'ici la compétition européenne des meilleurs clubs sur le continent.

Ce projet de compétition privée est né il y a deux ans. Il ambitionnait de faire concourir dans une Super Ligue de football les douze clubs les plus prestigieux, comme le Real de Madrid ou la Juventus de Turin, en parallèle de la compétition officielle. Avec un argument clé : il offrait à chaque club 250 millions d'euros pour y participer.

En rétorsion à cette initiative, l'UEFA avait décidé de sanctions pour les clubs qui auraient été tentés. Le projet a capoté. Mais l'organisateur a déposé un recours auprès de la cour de justice européenne en contestant ce qu'il appelait un abus de position dominante de l'UEFA. La justice vient de trancher en sa faveur, arguant de la nécessaire concurrence. Le projet de Super Ligue peut donc se monter.

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Cette compétition capterait une grande partie de l'audience et des revenus publicitaires, ce qui affaiblirait la compétition officielle et, par ricochet, les fédérations nationales finançant toute la filière football dans les différents pays, en particulier les clubs moyens ou petits.

Cela déstabiliserait aussi le marché des droits de retransmission télévisuelle. Car l'initiateur du projet, la société A22 Sports Management, veut monter une plateforme de streaming pour diffuser gratuitement ses rencontres (streaming qui serait financé par la pub). 

Plus besoin des diffuseurs traditionnels, à savoir Canal Plus, Bein ou Amazon qui seraient privés des grandes soirées foot et des revenus qui vont avec ainsi que des abonnements. 

A-t-elle une chance de voir le jour ?

Les prises de position contre cette Super League se sont multipliées jeudi 21 décembre, celle du PSG, de Manchester et du Bayern de Munich. Au Royaume-Uni, le ministre des sports annonce même préparer une loi pour interdire aux clubs britanniques de rejoindre le nouveau tournoi.

Des clubs espagnols ou italiens ont en revanche pris parti pour. Et le promoteur a déclaré vouloir retravailler son projet pour en faire profiter les petits clubs. Ça va être la guerre. Et si même celui-là n'aboutit pas, d'autres investisseurs arriveront, car il est désormais possible d'organiser des compétitions sans le feu vert des instances sportives. La révolution est faite !

En France, cette possible concurrence intervient alors que la situation du foot est déjà détériorée. La plupart de nos clubs ont des finances catastrophiques et accumulent les dettes. Ce sont les joueurs et leurs agents qui captent en réalité l'argent. 

Et puis la Ligue 1 accumule elle-même les déboires depuis plusieurs années. Pour la prochaine saison, elle n'est même pas parvenue à susciter l'intérêt des diffuseurs télé, qui n'ont pas présenté une seule offre lors des enchères. Tout ceci intervient alors que les incidents graves se multiplient lors des matches, allant jusqu'à la mort d'un supporter du FC Nantes il y a quinze jours.