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ÉDITO - Réforme des retraites : la CGT va-t-elle durcir son mouvement ?
Poubelles non ramassées à Paris, boycott de la marque Vertbaudet, cheminots en grève le jeudi 20 avril... Les syndicats les plus radicaux durcissent le rapport de forces.
Le cortège CGT manifeste contre la réforme des retraites à Marseille (illustration)
Crédit : CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
La nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, encourage les actions qui durcissent le rapport de forces avec l'Élysée. Même Laurent Berger, ce week-end, dans les colonnes du Parisien constate le mépris du Président de la République et la colère des salariés qui ont combattu la réforme. Donc, oui, on voit mal comment le rapport de forces pourrait ne pas se durcir.
L'idée est de bloquer l'activité économique et la vie des entreprises pour obliger le patronat à réagir en mettant la pression sur l'Élysée. La CGT a donc demandé aux éboueurs de Paris de reprendre leur grève pour que les poubelles s'amoncèlent à nouveau dans les rues de la capitale.
Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT, a demandé à toutes les mamans de boycotter la marque Vertbaudet tant qu'il n'y aura pas des négociations pour obtenir des hausses de salaires dans l'entreprise. Elle parle d'un "patron voyou".
Et jeudi 20 avril, en pleines vacances scolaires, la SNCF entame une grève de colère cheminote, indépendamment de l'appel à manifester le 1er mai prochain... un 1er mai unitaire qui est l'action sur laquelle l'intersyndicale s'est mise d'accord la semaine dernière. Donc, on voit bien que des actions spectaculaires visibles vont sans doute partir en ordre dispersé.
Sophie Binet, une patronne de combat
La nouvelle patronne de la CGT encourage ces grèves dures. Il ne faut jamais oublier comment elle a été élue. Sophie Binet est sortie du chapeau en fin de nuit, lors du dernier congrès, à la suite de grosses tensions en interne. Elle a été élue par les "durs" de la CGT qui ont rejeté le bilan des années Martinez. Ils sont persuadés que les journées d'action ponctuelles ne servent à rien et qu'il faut des blocages et des grèves reconductibles pour faire bouger patronat et exécutif.
Sophie Binet incarne la ligne dure. "Patron voyou", c'est un terme fort employé lors des grandes vagues de délocalisation des années 90/2000. C'est une combattante sur des thèmes de société : l'égalité hommes/femmes notamment. Dès le début, elle a entonné sur scène des chants contre Emmanuel Macron, elle s'est présentée à Matignon le poing levé. Elle a refusé de répondre à CNews qui manque de pluralité selon elle. On sent qu'elle sera une patronne de combat à la tête de la CGT.
Je ne crois pas qu'Emmanuel Macron peut apaiser les syndicalistes ce lundi soir. Il est plutôt dans une stratégie de rouleau compresseur. Il risque de présenter une feuille de route comme si la réforme des retraites n'était plus un sujet. Emmanuel Macron va instaurer un rapport de forces direct entre lui et la rue. Une nouvelle fois.
Sophie Binet entame son mandat dans un bras de fer avec l'Élysée, elle a plutôt intérêt à être celle qui coordonne et agrège les colères. Faute de quoi le "sentiment de mépris" que ressentent certains Français s'exprimera en dehors des syndicats. Par un vote extrême ou par des actions extrêmes.
