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La centrale nucléaire de Bugey, dans l'Ain.
Crédit : PHILIPPE DESMAZES / AFP
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Arrivé il y a un peu plus de deux ans, le patron d'EDF Luc Rémont ne devrait pas être reconduit à son poste. Le déclenchement de la crise a été tout autre, il s’agissait des tarifs de l’électricité pour les industriels français. EDF voulait pratiquer une mise en enchère de son électricité, de façon à en tirer le meilleur prix. Les clients se sont récriés, et l’État, actionnaire exclusif, également. Tous estiment qu’EDF doit soutenir l’industrie française, à un moment où les délocalisations menacent en Chine et aux États-Unis, deux pays où le prix de l’énergie est beaucoup moins élevé qu’en Europe.
Mais c’est vrai qu’à l’horizon, il y a la crise des EPR. Une crise qui, contrairement à cette affaire de tarifs, ne se réglera pas facilement.
Le problème est qu'EDF est tout simplement dans l’incapacité de fournir les plans détaillés des nouvelles centrales EPR 2. Cela hypothèque bien sûr le démarrage du programme et son financement.
Voilà pourtant trois ans que le nucléaire a été officiellement relancé par le discours de Belfort d’Emmanuel Macron. On doit en principe construire six nouvelles centrales au moins. Mais pourquoi EDF est-elle dans l’incapacité de fournir ces éléments ?
Eh bien, c'est à cause de la complexité technologique abyssale de cet objet industriel unique au monde qu’est l’EPR 2. C'est aussi à cause aussi des pertes de compétences de notre électricien national, n'ayant plus construit de centrales pendant des décennies.
Ne pas avoir les nouvelles centrales en temps et en heure, c’est désormais très probable. Les calendriers et les enveloppes budgétaires ont déjà dû être modifiés sensiblement. On serait à plus de 70 milliards d’euros de coût, certains vont jusqu’à pronostiquer 100 milliards.
Voilà qui rappelle les mésaventures de l’EPR 1, à Flamanville, qui a pris plus de 10 ans de retard et qui a coûté finalement plus de 20 milliards à lui seul. Des EPR, il y en a quand même qui marchent, dans le monde, notamment un en Finlande, qui fonctionne depuis peu après des années de déboires. Et également en Chine.
C’est le paradoxe : c’est en Chine qu’on a construit le plus vite l’EPR, c’est en Chine qu’il marche le mieux, alors que c’est une technologie française. Un bon connaisseur du dossier me disait dimanche que si nous voulions nos réacteurs dans les temps, il allait falloir faire appel au savoir-faire des Chinois… Un comble.
Pour la réaction d'EDF, c’est un peu comme la légion romaine qui construit une carapace avec ses boucliers. Pas de remise en cause, on continue sur la technologie qui est la meilleure du monde, dit-on. Il faut espérer qu’ils aient raison.
Tout cela rappelle quand même notre fusée Ariane, elle aussi une merveille technologique coûteuse et complexe. Au moins elle fonctionne, elle, mais à force de s’accrocher à la technologie initiale, nous avons laissé passer les innovations moins coûteuses comme la fusée réutilisable. La cathédrale technologique, c’est malheureusement un syndrome français.
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