Avec l’industrie de la défense, un pan entier de notre économie va devoir se préparer au retour possible d’un "conflit de haute intensité". Et pour répondre aux défis de demain, les industriels vont devoir passer à l’offensive. Monter en puissance et inverser la tendance de 30 ans de sous-investissements, où les armées étaient reléguées derrière mille autres priorités.
On a certes, continué de produire du matériel de qualité pour nos militaires, en maintenant un tissu de 4.000 entreprises et 200.000 salariés. Mais l’industrie de défense a été forcée de se recentrer sur l’essentiel au fil des ans, en se spécialisant sur les commandes essentielles.
Si l’Ukraine a changé la donne, l’afflux de crédits nouveaux date en fait de l’arrivée d’Emmanuel Macron. Les crédits ont commencé à revenir, et avant même le conflit en Ukraine, l’État prévoyait 3 milliards d’euros de budgets supplémentaires par an pour les 3 ans à venir. Le retour du risque militaire pourrait bien amplifier ce mouvement de déploiement. L’objectif maintenant, est de suivre la cadence. Imbiber de nouveau l’éponge industrielle. La refaire gonfler.
Premier impératif, produire plus. Aujourd’hui, on sait très bien produire des engins de haute qualité, mais en petite quantité. Au vu des technologies utilisées, les délais de constructions sont très long. Le porte-avion nouvelle génération, qui dans la marine doit remplacer le Charles de Gaulle, a été commandé fin 2020. Il doit être livré en 2038. C’est un énorme et minutieux chantier, pour un budget régulièrement estimé aux environs de 5 milliards d’euros. En 10 ans, vous construisez 2000 blindés. Imaginez la différence avec l’industrie automobile, qui produit des voitures à la chaine…
On pourrait produire plus en fabriquant davantage en série, et pourquoi pas, à l’échelle de l’Europe. Cela demande de repenser la production d’équipements militaires, d’uniformiser, dans la mesure du possible. Ce sera possible si les entreprises ont des commandes claires, un programme stable avec l’argent nécessaire. C’est justement le signal que vient d’envoyer Emmanuel Macron : la visibilité, avec une loi qui fixera les budgets des armées tous les ans jusqu’en 2030.
Mais produire plus, c’est aussi stocker davantage. Cela signifie conserver les chars, les munitions, au même endroit, en bon état de fonctionnement. Stocker dans des espaces plus grand donc, et de la surveillance pour des raisons de sécurité évidentes.
Reste un deux problèmes majeurs pour l’industrie de l’armement, l’inflation et les pénuries, qui se posent également pour le reste de l’économie. Même l’armée française est dépendante des importations mondiales.
On importe une partie des mines, des munitions de petits calibres. Le moteur de l’avion rafale : sa turbine est en partie constituée de titane. Du titane qu’on achète en Ukraine, en Russie, ou au Japon, sachant que le stock japonais a déjà été acheté à 80% par les États-Unis. Ce sont des spécialistes de la défense qui ont expliqué cela devant les patrons du Medef. La rareté des semi-conducteurs ralentit aussi les productions de matériel roulant.
Pire, les commandes d’aluminium posent un sérieux problème pour les navires. Un bateau de défense est composé à 60% d’acier et d’aluminium. Les prix ont tellement explosé, qu’à moins de renégocier les contrats, les entreprises qui travaillent avec la marine, sont parfois menacées de construire des bateaux à perte. Cette transformation massive de l’industrie de défense est impossible sans argent ni vision de long terme de l’État.
Pour le temps long il faudra aussi :
1. former davantage.
2. faciliter les investissements des fleurons, Dassault, Airbus, Safran, Naval Group, comme de la myriade de PME très spécialisées.
3. mettre l’accent sur des filières d’avenir, la filière drones par exemple.
4. en finir avec les normes, la paperasse, le temps et l’énergie perdus au niveau français, comme européen.
Pour préserver la paix, l’industrie de défense va devoir bien mieux se préparer à la guerre, et donc entamer sa révolution.
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