Alors que les bruits de bottes s'intensifient en Ukraine, l'Europe cherche des solutions pour s'approvisionner en gaz si le conflit éclate. Incroyable vulnérabilité que la nôtre. En effet, la Russie fournit 40% du gaz consommé sur le continent et même 50% en Allemagne, un peu moins en France. Ce gaz arrive aujourd'hui par trois tuyaux terrestres, les fameux gazoducs. Et en cas de conflit, la Russie pourrait les couper.
Ils pourraient être aussi endommagés, celui qui traverse l'Ukraine en particulier, avec des conséquences dévastatrices en plein hiver sur les ménages et leur chauffage, sur l'industrie, en Allemagne en particulier. Du coup, on cherche frénétiquement des solutions alternatives auprès d'autres fournisseurs et ce n'est pas évident. En Europe, le gros producteur, c'est la Norvège. Mais elle a réduit ses investissements dans les capacités de production pour des raisons environnementales. Aux Pays-Bas, gisement qui est en voie d'extinction. En Algérie, problèmes techniques et politiques s'additionnent pour faire du pays un acteur de deuxième ordre.
Les Européens, aidés des Américains, s'orientent donc vers d'autres producteurs, le Qatar en particulier. Dans le camp occidental, il y a encore les États-Unis et l'Australie. Le problème, c'est qu'il n'y a pas de gazoduc qui relie l'Europe à ces pays.
Il faut donc transporter le gaz par bateau après l'avoir liquéfié pour regazéifier ce GNL (gaz naturel liquide) à son arrivée chez nous. C'est ainsi que procèdent les pays d'Asie, gros importateurs qui se font livrer leur énergie par les mers. Ces dernières semaines, une petite centaine de navires chargés de GNL américain, a d'ailleurs été envoyée en Europe.
En fait, nous allons nous trouver en concurrence avec l'Asie pour faire arriver ces bateaux chez nous. Cet automne, alors que les prix flambaient à la fin 2021, on a vu des bateaux changer de cap plusieurs fois en mer, au gré des enchères faites par les clients du monde entier. L'économiste Philippe Chalmin, l'un des meilleurs spécialistes des matières premières est formel : si le conflit éclate, les prix vont fortement monter et ils pourraient entraîner avec eux ceux du pétrole. C'est la première crise gazière que nous connaissons, explique-t-il, sur le modèle des crises pétrolières d'antan.
Et c'est vrai que la Russie d'aujourd'hui, c'est un peu l'Opep de naguère qui jouait du rapport de force, notamment pour augmenter ses prix. Mais comment s'est-on laissé enfermer dans cette nouvelle dépendance ? Il y a d'abord eu notre incapacité à prendre la Russie au sérieux et à voir qu'elle voulait reconstituer sa puissance extérieure, défendre sa zone d'influence face à l'OTAN, zone dont l'Ukraine fait partie. À l'évidence, c'est la naïveté de l'après chute du Mur qui a prévalu trop longtemps chez les Européens.
Ensuite, il y a eu l'arrêt du nucléaire en Allemagne, décidée après Fukushima de façon irréfléchie par Angela Merkel et qui a rendu indispensable le gaz russe. Derrière la crise du gaz, il y a la transition énergétique allemande non préparée. C'est donc l'Europe qui la paye aujourd'hui.
Bon, à dire vrai, celle de la France n'a guère été anticipée non plus avec les palinodies sur le nucléaire de l'actuel président et son prédécesseur. Et on pourrait bientôt voir le prix de cette inconséquence, non pas sur le prix du gaz, mais sur celui de l'électricité.
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