1. Accueil
  2. Actu
  3. Eco Conso
  4. ÉDITO - Superprofits : qu'entend Emmanuel Macron par la "contribution exceptionnelle" ?
2 min de lecture

ÉDITO - Superprofits : qu'entend Emmanuel Macron par la "contribution exceptionnelle" ?

Lors de son interview télévisée ce mercredi 22 mars, Emmanuel Macron a indiqué qu'il souhaitait que les profits exceptionnels de certaines grandes entreprises soient redistribués aux travailleurs.

Siège Total Energie
Siège Total Energie
Crédit : Sameer Al-DOUMY / AFP
LENGLET-CO - Contribution exceptionnelle des entreprises annoncée par Macron : en quoi cela va-t-il consister ?
00:03:50
Lenglet-Co and You du 23 mars 2023
00:03:50
François Lenglet - édité par Sarra Djeghnoune

Ce mercredi, au cours de son interview télévisée à l'Élysée, Emmanuel Macron a annoncé une "contribution" des entreprises qui effectuent des rachats d’actions.

Le rachat d'actions consiste pour une entreprise, par définition cotée à la bourse, à racheter ses propres actions, avec l’argent de ses profits. En 2022, selon la lettre Vernimmen, les entreprises du CAC 40 ont ainsi racheté pour 23,7 milliards d’euros de leurs propres actions. Par exemple Totalenergies, en 2021, en a acquis pour 7 milliards de dollars, c’est-à-dire 5% de son capital. Le mouvement s’accélère, il est mondial, et particulièrement prononcé aux États-Unis, à Wall Street. Apple rachète pour 90 milliards de dollars d’actions par an. Les actions ainsi rachetées sont généralement détruites.


Cela a deux effets, tous deux favorables à l’actionnaire. Premièrement, ça fait monter le cours de l’action, mécaniquement, s’il y a un gros acheteur en plus sur le marché. Le détenteur d’action en profite donc. Deuxièmement, les actions rachetées étant détruites, il en reste moins sur le marché. Ainsi le bénéfice par action est plus élevé, et le dividende versé à l’actionnaire également. 

L’envol de ces rachats d’actions est un signe de plus de la prééminence de l’actionnaire. En France l’année dernière, pour le CAC 40, les actionnaires du CAC 40 ont reçu 23,7 milliards grâce à ces rachats, et 56 milliards avec les dividendes, c’est-à-dire la part des bénéfices qui leur revient. Toujours selon Vernimmen.

Une mesure ciblée vers les grandes entreprises

À écouter aussi

Pour l'entreprise ça n'a donc aucun intérêt parce que c’est de l’argent qui ne va pas à l’investissement. Alors, les économistes libéraux vous diraient que cet argent n’est pas perdu, et qu’étant retourné à l’actionnaire, il va être recyclé et réinvesti ailleurs. De grands patrons vous disent aussi qu’ils n’ont pas le choix, comme leurs concurrents pratiquent les rachats d’actions, il faut qu’ils s’alignent, faute de quoi leur cours baisse et ils sont rachetés. C’est un argument.


Cela signifie que les entreprises gagnent trop d’argent et qu’elles profitent d’un rapport de concurrence très favorable, qui leur permet de vendre bien plus cher qu’il ne faudrait leurs produits. Certes grâce à leur travail, leur avance technologique, à leur marketing ou leur design. C’est le cas d’Apple par exemple, ou des produits de luxe LVMH chez nous, qui fait des marges très élevées. 

Imposer une contrepartie pour les salariés

Emmanuel Macron ne veut pas un impôt nouveau, contrairement à ce qu’ont décidé récemment les Etats-Unis, qui vont taxer ces rachats d’action – modestement, à 1%. Il s’agirait d’imposer une contrepartie pour les salariés. Une entreprise ne pourrait se lancer dans un rachat d’action que si elle verse une partie de l’argent à ses salariés, sous la forme d’une prime exceptionnelle. 

L’idée est séduisante. Mais elle ne sera pas facile à mettre en œuvre. Il faudra d’abord trouver le bon mécanisme, le bon seuil de déclenchement, et qu’il soit compatible avec la législation européenne. D’autre part, ce mécanisme s’ajouterait à celui de l’actionnariat pour les salariés, que les entreprises du CAC 40 utilisent déjà largement. Et à l’accord sur le partage de la valeur, qui vient tout juste d’être signé par les partenaires syndicaux. 

Sans compter les dispositifs d’intéressement et de participation. On reste en France, royaume de la complexité réglementaire. Mais, au plan politique, cette initiative aura au moins l’avantage, pour l’exécutif, d’un petit rééquilibrage en faveur de la justice fiscale.

La rédaction vous recommande
À lire aussi

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien