C’est la fête chez les majors, les grandes compagnies pétrolières. En effet, l'Américain Exxon Mobil, l’une des plus importantes compagnies, a
annoncé 56 milliards de dollars de profits pour l’année 2022, ça fait plus de
60 milliards d'euros. C’est l’un des résultats les plus élevés jamais réalisé
par une entreprise américaine. Il y a quelques jours, c’était sa rivale Chevron,
une autre major pétrolière, qui annonçait, elle aussi, un record de profits, à
plus de 35 milliards l’année dernière.
C’est évidemment la guerre en Ukraine qui a provoqué cette envolée des
bénéfices. La guerre, qui
s’est traduite on le sait par une explosion des cours du pétrole et du gaz en
2022 - c’est retombé depuis -, au moins pour le gaz. Or, ces entreprises sont
productrices d’hydrocarbures, en particulier dans ce qu’on appelle le bassin
permien, à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique, aux États-Unis. Quand
les cours mondiaux augmentent, leurs coûts de production n’augmentent pas pour
autant. Donc leurs bénéfices explosent. Joe Biden, le président américain, les
a d’ailleurs accusées d’être des profiteurs de guerre, en faisant, dit-il, plus
d’argent que Dieu.
Les mêmes causes devraient produire les mêmes effets pour les pétroliers européens, Shell, BP et notre Français. Sur les neuf premiers mois de l’année 2022, TotalEnergies a dégagé 17,3 milliards, soit davantage qu’en 2021. Le bénéfice total de 2022 devrait être largement supérieur à 20 milliards, ce qui a toutes chances d’en faire les plus gros profits jamais réalisés par une entreprise française. Rappelons que le groupe de luxe LVMH a fait, lui, 14 milliards de bénéfices en 2022. Avec, il est vrai un chiffre d’affaires bien inférieur à celui de Total, c’est-à-dire avec une marge plus élevée.
Une bonne partie de
tout cet argent part aux actionnaires, sous la forme de dividendes et de rachats
d’action, surtout pour les compagnies américaines. Ça semble aberrant, mais
c’est ainsi : elles gagnent tellement d’argent qu’elles ne savent plus quoi en
faire, et du coup, rachètent leurs propres actions à la bourse, ce qui fait
monter les cours. C’est une autre façon de servir l’actionnaire. Et une partie
va à l’investissement, pour la production de demain. Dans les hydrocarbures pour
les Américains, mais aussi dans les renouvelables pour le Français.
Avec de tels chiffres,
on est loin de la fin du pétrole, malgré la crise climatique. Il ne faut pas perdre
de vue qu’il s’agit d’une industrie très cyclique, avec des retournements violents,
à hausse comme à la baisse. En 2020, c’était la crise profonde pendant les
confinements, il y a eu des faillites dans le secteur. Cette année au contraire
conjugue une reprise économique forte et une montée inhabituelle des cours.
Alors, s’agit-il des derniers feux du secteur, avant son déclin, à cause du
changement climatique justement ? Les hydrocarbures devraient rester une source
d’énergie essentielle dans les 15 à 20 ans. Mais il y a déjà des signes du
nouveau monde. Pour la première fois en 2022, l’éolien et le solaire ont
fourni, en 2022, plus d’électricité que le gaz en Europe.
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