Trois signes sont autant d'indicateurs classiques pour prévoir l'évolution de la conjoncture. Le premier émane d'une société danoise, l'un des plus grands transporteurs maritimes de la planète. Son activité est évidemment corrélée étroitement à l'activité économique de la planète.
Le chiffre d'affaires et la profitabilité du transport maritime de conteneurs, c'est donc un peu comme l'électrocardiogramme de la planète. Et voilà qu'il ralentit fortement au premier trimestre 2023, après deux années exceptionnelles. Nous entrons dans un environnement des affaires complètement différent, a prévenu Maersk, les clients ne sont plus du tout aussi nombreux qu'auparavant et les prix ont baissé.
Le fléchissement est marqué dans les économies développées avec une forte chute des importations américaines : - 6% en févier 2023, révélatrice du ralentissement des États-Unis. Une seule zone est dans le vert, selon le CPB, qui mesure les flux commerciaux, c'est l'Asie (hors Japon). Avec une Chine légèrement positive, pas flambarde, une Inde et une Indonésie au contraire en pleine santé, profitant des déboires de la Chine au moment de la politique zéro Covid.
Second indicateur : les résultats du Coréen Samsung, premier producteur mondial de semi-conducteurs, plongent. Les semi-conducteurs, ce sont ces puces électroniques désormais intégrées à la plupart des produits industriels, les voitures, les réfrigérateurs, tous les produits électroniques évidemment.
Samsung vient d'annoncer une chute de 96% de son bénéfice au premier trimestre 2023. Un bénéfice qui atteint le niveau le plus bas depuis 14 ans, à cause de la chute de la demande de ces fameuses puces. Les semi-conducteurs, c'est l'ingrédient de base pour les produits manufacturés. Si on en demande moins, c'est que les usines ralentissent leur cadence. C'est cohérent avec le diagnostic de notre transporteur maritime.
C'est la fin du cycle exceptionnel de croissance de 2021-2022, le rattrapage post-Covid. Une fin précipitée par la remontée du coût de crédit partout dans le monde. Ce qui nous mène au dernier signe inquiétant : l'inversion de la courbe des taux d'intérêt.
En principe, les taux d'intérêt pour des crédits courts, six mois ou un an, sont plus faibles que ceux des crédits longs (10 ans). C'est assez logique. Sauf quand les banques centrales en décident autrement, pour refroidir justement l'économie et lutter contre l'inflation. C'est exactement ce qui se passe dans la zone euro. Les taux pour un emprunt à six mois sont à 3%,