ÉDITO - Air France : François Lenglet explique pourquoi la compagnie va en partie quitter l’aéroport d’Orly

Air France a annoncé ce mercredi 18 octobre une révolution : la compagnie nationale va quitter l’aéroport d’Orly, aéroport historique de Paris, situé en banlieue sud, inauguré en 1961 par le général de Gaulle. Voilà en effet qu’Air France va déménager ses lignes intérieures, Paris-Nice, Paris-Toulouse, l’outre-mer, etc, à Roissy, l’autre plate-forme parisienne, au Nord de la capitale. Le transfert va se faire progressivement, à compter de 2026, seule la Corse restera desservie par Orly. Du coup, les passagers d’Air France seront obligés d’aller à Roissy pour les lignes intérieures françaises, cela concerne 2,3 millions de passagers annuels. 

En réalité, ils auront le choix : soit retrouver Air France à Roissy, soit prendre les lignes de Transavia, la filiale low cost du groupe, qui opère d’Orly et continuera, elle, à desservir les grandes métropoles françaises. Seul problème, la qualité de service n’est pas du tout la même. Transavia est ainsi la compagnie d’Orly qui possède le taux de ponctualité le plus faible. Si elle veut récupérer la clientèle d’Air France, largement professionnelle, il y a donc un peu de boulot.

Air France rompt ainsi avec sa base historique car il y a deux évolutions de fond. D’abord les réticences croissantes à prendre l’avion lorsqu’une alternative acceptable existe avec le train, moins émetteur de carbone. Ensuite, la clientèle business n’est pas revenue complètement après la Covid-19, à cause du télétravail, et des réunions à distance tenues grâce aux logiciels de visioconférence, désormais très répandus. 

Les voyageurs des "navettes", ces liaisons fréquentes entre Paris et les grandes métropoles françaises, étaient 1,7 million en 2019, et seulement 1,3 million en 2022. Au point que l’exploitation des lignes domestiques d’Air France générait une perte de 200 millions d’euros en 2022, selon les Échos.

En quoi le transfert vers Roissy résout-il ces problèmes ?

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D’abord, les fréquences vont être réduites, et ensuite, Air France devrait compenser les pertes en alimentant mieux ses longs courriers, au départ de Roissy également, avec les passagers venus de province. Ces longs courriers sont les vols les plus rentables. Concernant le personnel, une partie devrait être réemployée dans le centre de maintenance d’Orly, mais quelque 400 personnes devront progressivement aller travailler à Roissy, c’est-à-dire probablement déménager, à cause de la distance entre les deux aéroports - pas facile. Il pourrait également y avoir des conséquences dans les escales régionales d’Air France. Quant au personnel affecté aux lignes avec la Corse, ils ne bougeront pas.

Ce n’est pas un problème pour l’aéroport d’Orly lui-même, de perdre le trafic d’Air France car Orly a une particularité, le nombre d’atterrissage-décollage est plafonné à 250.000 mouvements par an, afin de limiter le bruit pour les riverains, avec notamment une interdiction nocturne. Il y a donc une relative pénurie de créneaux, avec la reprise du trafic mondial. Du coup, les vols d’Air France devraient être facilement remplacés par des longs courriers d’autres compagnies, désireuses de profiter d’une plate-forme plus proche de Paris que ne l’est Roissy. 

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