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Coronavirus : pourquoi des économistes préconisent l'annulation des dettes

ÉDITO - Des économistes prônent l'annulation de la dette de certains États, un procédé évoqué par Emmanuel Macron lors de son allocation télévisée lundi 13 avril, afin de faire face à la crise provoquée par le coronavirus.

Hausse des prix dans la zone euro
Hausse des prix dans la zone euro
Crédit : AFP / DANIEL ROLAND
Crise du coronavirus : des économistes préconisent l'annulation des dettes
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François Lenglet - édité par Sarah Belien

Un nouveau mot est en train d'apparaître chez les économistes : le jubilé. Le jubilé, dans les traditions anciennes, et dans la Bible en particulier, c'est l'annulation des dettes. Selon cette prescription, il faut faire table rase des engagements financiers tous les 49 ans, de façon à nettoyer et le système économique et la psychologie des hommes, de toutes les scories du passé.

Deux économistes éminents, anciens responsables de premier plan, recommandent de faire un jubilé, autrement dit, d'annuler les dettes qui vont s'accumuler à cause de la crise du coronavirus. Ce sont Mario Draghi, ancien patron de la Banque centrale européenne, et Dominique Strauss Kahn, ancien patron du FMI.

 
Le plus inquiet est Draghi, qui a décrit dans le Financial Times il y a quelques jours la menace d'une catastrophe de "proportions bibliques" justement. Il recommande qu'on annule les dettes des entreprises. Dominique Strauss-Kahn, lui, recommande l'annulation de la dette des États, au moins de ceux qui ont les plus faibles revenus.

L'annulation des dettes possible pour éviter la crise

On l'a fait pour les pays pauvres, à plusieurs reprises, depuis les années 1980. Et de fait, Bruno Le Maire, sans le dire vraiment, a annoncé que l'État français allait le pratiquer pour les entreprises, sous la forme de reports de charges et d'impôts qui ne seraient jamais demandés.

Même procédé en Italie, où les ménages se sont vus autorisés à ne pas payer les mensualités de leur crédit immobilier. En principe, c'est un report, en réalité, il y a toutes les chances pour que ce soit une annulation. Et la quasi-totalité des États face au Covid-19 se précipitent pour emprunter des centaines de milliards comme s'ils n'allaient jamais les rembourser. Il y a depuis quelques semaines une désinhibition totale et mondiale sur le recours à la dette.

Toute dette excessive est destinée à ne pas être remboursée, c'est une loi maintes fois éprouvée dans l'histoire financière. Si les États sont désinhibés, c'est aussi parce que le motif de cette dette supplémentaire, la santé, est davantage justifiable que les raisons habituelles. Et que bon nombre de pays sont dans la même situation.

Les banques centrales prêteront à taux très faible

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Les États comptent en réalité sur leur banque centrale, pour leur faire crédit à très faible taux d'intérêt. Le Royaume-Uni vient  par exemple de décider que la Banque d'Angleterre pourra désormais prêter directement au gouvernement, alors que c'était interdit depuis des décennies, pour éviter les dépenses excessives des politiques.

Et d'autres idées surgissent. Dans Les Échos ce vendredi 17 avril, l'homme d'affaires français Alain Minc propose de créer une dette perpétuelle, qui ne serait jamais remboursée, mais qui donnerait lieu à des intérêts. En France, c'est Cambon, le grand argentier de la Révolution française, qui a inventé ce système pour restructurer les finances troublées de l'État. Les dettes de la France ont alors été inscrites sur ce qu'on appelait le Grand Livre, et elles rapportaient 5% par an, sans jamais être remboursées.

Cela s'appelait la rente perpétuelle et faisait vivre les bourgeois et les familles nobles. Au XIXème siècle, cela était encore partiellement en vigueur jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Quant à aujourd'hui, vous le voyez, les esprits s'échauffent et lèvent les tabous. Nous entrons dans l'ère des expérimentations financières et monétaires : attachez vos ceintures.

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