Les emprunts immobiliers des Français ne cessent de s'allonger. D'après l'étude de l'Observatoire crédit logement CSA, la durée moyenne des nouveaux crédits immobiliers, contractés pour acheter une résidence est désormais de 230 mois, soir 19 ans. Sur les cinq dernières années, cette durée moyenne a progressé de 31 mois. Autrement dit, on constate que le crédit des Français s'allonge d'un mois tous les deux mois. C'est énorme.
C'est une conséquence directe de la suite de l'augmentation des prix dans les grandes villes. Dans les zones à forte tension, les prix montent mais pas les revenues. Du coup, la seule solution, en particulier pour ceux qu'on appelle les primo-accédants, qui achètent un logement pour la première fois, c'est d'augmenter la durée du crédit pour emprunter d'avantage sans faire monter leurs mensualités.
Aujourd'hui, les prêts supérieurs à 20 ans représentantes 70% de nouveaux crédits consentis. 45% ont une durée au moins égale à 25 ans. Il y a même depuis peu des crédits sur 30 ans, mais ceux-ci restent minoritaire, avec un peu moins de 1% du marché. Mécaniquement, l'apport personnel des acquéreurs se réduit en proportion.
Mais jusqu'où peut-on aller comme ça ? On pensait que les limites de l'endettement possible allaient contraindre les vendeurs à ne pas trop augmenter leurs prix, mais ce n'est pas du tout ce qu'il s'est passé. Les banques et les acheteurs se sont adaptés à un marché en hausse ininterrompu. Les premières en proposant des durées plus longues et les seconds en s'engageant sur plus longtemps pour accéder à la propriété.
En France on ne peut pas encore contracter un prêt sur plus de 30 ans. Mais cela va peut-être venir. En Suisse, par exemple, on trouve des emprunts sur 50 ans, au Royaume-Uni également. En Suède, bon nombre de ménages sont endettés sur plus d'un siècle. C'est un système différent du nôtre, les Suédois ne payent chaque mois que les intérêts et ils remboursent leur capital en une fois, lorsqu'ils revendent leur bien. C'est ce qu'on appelle un prêt in fine.
Au Japon, lors de l'éclatement de la bulle spéculative sur l'immobilier dans les années 80, les acheteurs s'endettaient sur plusieurs générations. Aux Pays-Bas, on commence à voir des hypothèques familiales, où parents et enfants sont engagés solidairement au remboursement d'un prêt.
Les marchés immobiliers dans notre pays se sont découplés. D'un côté, les prix immobiliers flambent, mais il existe, en France, de nombreuses régions où les prix baissent de façon continue. Pour résumer, une moitié de la France ne parvient pas à acheter une moitié ne parvient pas à vendre. Ce qui pourrait amener, un jour, à des cas d'endettement sur plusieurs générations.
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