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"Peut-être faudrait-il davantage songer aux avantages sociaux d'un bac moins sélectif", se demande François Lenglet.
Crédit : MARTIN BUREAU / AFP
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La nouvelle est tombée en fin de semaine dernière : cette année le baccalauréat ne sera pas un examen, et va être remplacé par le contrôle continu. Aura-t-il la même valeur que le bac des années précédentes ?
Le risque, avec la disparition d’un examen national, c’est qu’il y ait autant de bac que de lycées. Car chaque lycée a son histoire, son recrutement, et son niveau. Les lycées réputés, souvent ceux des grandes villes, notent de façon plus stricte, parce que le niveau de leurs élèves est meilleur.
Le bac d’un bon lycée pourrait avoir plus de valeur que celui d’un établissement moins bien considéré. Alors qu’avec un examen national, les élèves sont jugés, au moins pour l’écrit, sans que le correcteur connaisse leur nom et leur établissement d’origine. Et même si l’aléa du correcteur ne peut être complètement écarté, il y a des principes d’harmonisation des notes, de façon à essayer de mettre tous les élèves sous la même toise au plan national.
Il est aussi possible que cette expérience fasse disparaître le bac en tant qu'examen, comme le Certificat d’études de naguère. C’est vrai que l’organisation d’un concours national aussi fréquenté que le bac, 750.000 candidats, c’est-à-dire quasiment toute une classe d’âge, avec 80% de réussite environ, est une opération complexe et coûteuse, alors que le contrôle continu ne coûte rien. Ou alors, peut-être se dirigera-t-on ensuite vers une formule mixte, comme pour le Brevet des collèges, qui comprend les deux épreuves, examen et contrôle continu.
En 1968, à cause de la grève générale, le bac avait déjà été annulé. L'Éducation nationale avait alors transformé le bac en simple épreuve orale, avec des critères sensiblement relâchés par rapport aux années précédentes. Dans les années 1960, le taux de succès était de 60% environ. En 1968, ce taux est monté à plus de 80%.
À l'époque pourtant, même si le taux de réussite avait ainsi grimpé, l'examen est resté l’apanage d’une petite partie de la génération. À l'époque, seulement 20% d'une classe d'âge passait le bac.
Mais deux chercheurs, Éric Maurin et Sandra Mac Nally, ont fait une constatation singulière en 2005 : ils ont observé que ceux qui avaient passé le bac en 1968 avaient eu, en moyenne, de meilleures carrières et de meilleurs salaires que les générations d’avant et d’après, surtout les générations nées en 48 et 49, parce que davantage d’entre eux avaient pu accéder aux études supérieures. Plus étonnant encore, cet avantage se retrouvait chez leurs enfants, qui étaient moins nombreux à redoubler.
À partir des années 1980, l'État a baissé les critères d'admission au bac, avec l’objectif de 80% de réussite au sein d'une classe d’âge. Le problème, c’est que le niveau des formations supérieures a aussi baissé, par rapport à il y a cinquante ans. Cela dit, l’observation des deux chercheurs corrobore celle d’un autre sociologue, Louis Chauvel, qui avait remarqué que la génération 1948 avait connu tout au long de sa vie professionnelle un niveau de vie supérieur de 20% à ses prédécesseurs, et à ses successeurs.
Le sociologue y voyait un effet de la chance économique qu’ont eue les baby-boomers. Peut-être faudrait-il davantage songer aux avantages sociaux d’un bac moins sélectif.
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