Si l’on se fie à ce qu'on a observé après les attentats de Paris, en novembre dernier, l’impact direct sur l'économie est faible. Il a été chiffré en France par l’Insee à 0,1% du PIB (cela fait 2 milliards d'euros de croissance en moins). Ce n’est qu’une moyenne, car il faut regarder d'un peu plus près les secteurs et les régions. La chute a été forte pour les hôtels-cafés-restaurants, les taxis et l’activité touristique, à Paris mais aussi dans les autres capitales européennes.
Il est vraisemblable que l’activité touristique des grandes villes européennes ressente un nouveau coup dur. Vu d’Asie ou d’Amérique, Bruxelles ou Paris c’est la même chose. Les États-Unis ont recommandé à leurs citoyens de ne pas aller en Europe avant le 20 juin prochain.
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Il est à craindre qu'il faille s’habituer à vivre avec moins d’activité dans ces secteurs. Pour un temps indéterminé, et en étant toujours à la merci d’un nouvel attentat ou tout simplement d’une menace. Voilà pour les conséquences directes. Mais il reste tous les effets de moyen terme.
La montée du risque terroriste va se traduire forcément par le renforcement des frontières nationales, avec l’intensification des contrôles pour la circulation des personnes et des biens, en particulier aux aéroports. Tout cela va ralentir l’activité internationale des entreprises, la compliquer. D'autant qu’il y a avait déjà la crise des migrants, qui conduit au même résultat. Bon nombre de pays ont déjà rétabli leurs frontières nationales.
L’Europe, qui avait vu l’effacement de ces démarcations il y a vingt-cinq ans, avec la chute du mur de Berlin et la mise en place du grand marché, est en train de revenir brutalement en arrière. Nous vivons, avec ces attentats sans précédents, l’événement symétrique de la chute du Mur, l’exact contraire. Il y a vingt-cinq ans, la Terre était devenue plate. Aujourd'hui, elle est hérissée d’entraves.
Plus de frontières, c’est plus de coûts, plus de risque, et donc moins de commerce, et le repli des économies sur le périmètre national. Tout cela intervient alors que deux phénomènes étaient déjà très puissants dans nos pays. D'abord le ralentissement du commerce mondial à cause de la crise, qui est le plus important depuis les années 1970. Les chantiers navals ont d'ailleurs interrompu la course au porte-conteneurs le plus grand, c'est fini. L'index de la mer Baltique, qui mesure le prix du fret maritime, est au plus bas depuis 1985, ce qui témoigne de la baisse de la demande de transport.
L'autre phénomène lourd, c'est la montée du protectionnisme, c'est-à-dire de protections douanières ou réglementaires contre la concurrence des produits étrangers, là encore à cause de la crise, et cela dans tous les pays.
Un reflux durable ? C'est tout à fait probable. Les attentats ne font qu'amplifier une révolution idéologique qui avait commencé avant eux, et dont le déclencheur a été la grande crise financière mondiale. De tout temps, le monde a alterné des phases d'ouverture et des phases de fermeture, qui durent en général quelques dizaines d'années l'une et l'autre.
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