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Alimentation : pourquoi les moulins français tournent-ils au ralenti ?
Le secteur de la meunerie en France est en crise, avec une chute drastique des exportations de farine et une perte de compétitivité.
Illustration d'un paquet de farine.
Crédit : Annette Riedl / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP
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Le meunier s'est endormi et les moulins ne vont pas fort ! En effet, les exportations de farine ont chuté de 90 % par rapport à il y a 30 ans. À l'image de la désindustrialisation, la France a perdu en compétitivité et n'a pas suffisamment investi ces dernières années. C'est un souci, car la filière fait tourner 386 moulins dans le pays et fait travailler 6.300 personnes selon l'Association Nationale de la Meunerie Française.
Bien que la consommation de pain reste stable en France, 99 % du blé tendre récolté est utilisé sans gaspillage. Cependant, la France, autrefois premier exportateur mondial, a vu ses ventes à l'étranger passer de 1,6 million de tonnes en 1995 à seulement 214.000 tonnes l'année dernière.
L'année 2024 a été marquée par une mauvaise récolte, la pire depuis 30 ans. Mais le véritable problème réside dans le coût de transformation du blé en farine. Le blé français est souvent envoyé en Belgique ou en Allemagne pour être transformé, avant de revenir sous forme de paquets vendus moins cher que ceux produits localement. En 2024, la France a produit 4 millions de tonnes de farine, tout en important 400.000 tonnes, devenant importateur net depuis 2018, comme l'a souligné Emmanuelle Ducros dans L'Opinion.
Des moulins trop petits et obsolètes
La majorité des moulins français, soit 60 %, sont trop petits et obsolètes pour être rentables. En comparaison, l'Allemagne dispose de 15 moulins capables de moudre 200.000 tonnes par an, contre un seul en France. Cette différence permet aux Allemands de réaliser des économies d'échelle. Un quart des paquets de farine vendus en grandes surfaces sous marques distributeurs provient de l'étranger, même si le blé est d'origine française.
Sur le plan international, les clients se tournent vers d'autres fournisseurs. Le continent africain, par exemple, transforme désormais son propre blé, réduisant ainsi sa dépendance et le risque d'émeutes de la faim. La Turquie est devenue le premier exportateur mondial de farine grâce à des prix compétitifs, en utilisant du blé russe.
La France conserve toutefois une réputation de qualité, notamment sur le marché des farines "haut de gamme" pour les boulangeries artisanales. Un tiers des boulangers français sont encore des artisans, contre un sur cinq en Allemagne. Pour rester compétitive, la France doit investir dans sa production tout en préservant son excellence. Ce n'est plus un marché de niche, mais bien un marché... de miches de pain.
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