Alba Ventura : "C'est l'École des fans à l'UMP"
REPLAY / ÉDITO - Nouvellement élu président de l'UMP, Nicolas Sarkozy a composé son équipe. Cela n'a pas été facile de construire le rassemblement en faisant le grand écart.
Après des heures de négociations, Nicolas Sarkozy a quasiment bouclé son équipe pour l'UMP. C'est un peu l'École des fans.
Il y en a pour tout le monde : pour les amis d'Alain Juppé, les amis de François Fillon et ceux de Bruno Le Maire. Il y a même une place pour Hervé Mariton, arrivé troisième et dernier dans la course à la présidence du parti.
Deux numéro 2 à l'UMP
C'est un peu comme lorsque l'on compose un gouvernement. Il faut tenir compte des sensibilités, équilibrer et veiller à ce que personne ne soit lésé. C'est la magie du rassemblement.
C'est au nom de ce "rassemblement" que Nicolas Sarkozy a même réussi à ne pas trancher entre Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez qui se disputaient la place du bras-droit. Cette place tant convoitée, juste en-dessous de Dieu le Père.
Nathalie Kosciusko-Morizet, 41 ans, a été désignée vice-présidente déléguée de l'UMP. Laurent Wauquiez, 39 ans, devient secrétaire général. Dans les statuts, le secrétaire général c'est le numéro 2. Il y a donc deux numéros 2. Comme cela, Nicolas Sarkozy ne se fâche avec personne. Il laisse parader ses deux lieutenants qui racontent dans tout Paris comment l'une a battu l'autre, et comment l'un a mis au tapis l'autre.
En plus, les deux intéressés ont des compétences qui s'enchevêtrent. Ainsi sur les attributions, "NKM" est chargée de la "stratégie électorale", quand Laurent Wauquiez est chargé des "élections". Voilà qui promet de joyeuses réunions.
À force de promettre à Nathalie puis à Laurent, la compétition est devenue acharnée
Alba Ventura
Dire que c'était déjà très tendu entre eux, c'est un euphémisme. On est très clairement dans un climat détestation absolue, à deux doigts de la haine.
À force de promettre à Nathalie puis à Laurent, et à Laurent puis à Nathalie, à force de faire monter l'un puis de valoriser l'autre, la compétition est devenue acharnée. Les deux quadras s'y sont vus. Comme il fallait rivaliser avec Bruno Le Maire - celui qui a défié Nicolas Sarkozy -, ils étaient prêts à tout.
Deux visions de la droite
Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez ne se sont pas épargnés pendant la campagne pour la présidence de l'UMP. C'était d'ailleurs une campagne dans la campagne qui a eu lieu, pour être celui ou celle qui serait le plus proche de Nicolas Sarkozy.
Cela a été une guerre sans merci. L'une racontant que l'autre était détesté par tous les cadres de l'UMP, l'un bavant sur l'autre et son côté "bobo parisienne" tellement éloignée des militants. C'est extrêmement violent. Cela risque bien de le rester.
Ce n'est pas juste un affrontement de personnes. C'est plus profond que ça. Ce sont deux visions de la droite qui s'opposent.
Sarkozy a fait la synthèse
Laurent Wauquiez, c'est celui qui stigmatisait le cancer de l'assistanat, c'est l'anti-mariage homosexuel qui a clairement barré à droite. Nathalie Kosciusko-Morizet incarne une droite plus modérée, pro mariage-gay, qui tranche entre le PS et le FN. On en a vraiment un à la droite du Père, l'autre à la gauche du Père.
Le fait d'avoir donné un fauteuil pour deux à ses deux lieutenants, cela montre bien que l'UMP n'a pas totalement tranché sur sa ligne. En tout cas, Nicolas Sarkozy a choisi d'être ambigu dans cette affaire. Finalement lui aussi, il a fait une synthèse.
