Jacques Barrot a donc trouvé la mort brutalement. Il avait 77 ans, ancien ministre, ancien commissaire européen, il n'était pas forcément un homme politique que les Français connaissaient bien mais il était éminemment respecté par tout le monde, tous les politiques, même ses adversaires.
C'est vrai qu'on ne le voyait pas sur tous les plateaux de télévision, il n'avait pas le premier rôle, il n'était pas une star de la politique, il ne voulait pas devenir Président de la République, lui !! C'était ce qu'on appelle un serviteur de l'Etat. Il a été compagnon de route de Valéry Giscard d'Estaing et de Jacques Chirac.
Jacques Barrot c'était un centriste mais surtout un pilier de la démocratie chrétienne. Ça c’était sa famille de pensée, vraiment. C'était aussi un notable : maire d'Yssingeaux en Haute Loire pendant 12 ans, député pendant 30 ans et président du Conseil général durant 28 ans.
Un notable qui pensait aux autres. Ce n'est pas un hasard s'il se passionnait pour les questions sociales. Il était "législateur" jusqu'au bout des ongles, dans le sens où ce qui l'intéressait avant tout, c’était de se battre pour faire avancer les choses.
Pour moi ce qui le résume le mieux, c'est son émotion le soir du 21 avril 2002 : Jacques Chirac est en tête devant Jean Marie Le Pen, Lionel Jospin a été éliminé. Jacques Barrot est devant la télé. Son camp vient de gagner mais il pleure :
C'est dur pour des gens comme moi qui font de la politique avec leur fond de leur tripe. Je suis content que Chirac ait 20% mais pour la France : merde"
Jacques Barrot
On sent toute la pâte humaine qu'il y avait chez lui. Mais il était aussi colérique, c'est une manière polie de dire qu'il avait un caractère de cochon !! Ah de ce point de vue, il n'était pas un centriste mou. Il pouvait se mettre dans des états pas croyables, devenir tout rouge lors d'un débat, ou hurler sur un directeur de rédaction parce que sa passion pouvait l'emmener à la colère.
Sur l'Europe par exemple. Lui qui a voué sa vie à la promotion de l'Europe, qui était devenu commissaire européen en 2004, qui avait même appris l'anglais à ce moment là, à 67 ans, il ne supportait pas que l'on caricature l'Europe.
Je me souviens de l'avoir vu fou de rage au moment des débats sur le référendum sur l'Europe en 2005. Il en voulait aux médias et à certains hommes politiques de ne retenir que la directive Bolkestein ou le plombier polonais. Lui qui avait travaillé sur le projet Galiléo, ce projet de GPS européen géant, pour lui l'Europe c'était ça ! Il détestait la façon dont l'Europe était transmise aux français.
Il avait en l'Europe une foi tellement chevillée au corps, qu'il ne tolérait pas le mauvais procès qui lui était fait.
Cela montre aussi qu'il y avait chez lui parfois un peu trop optimiste. Mais, je crois que ce qui faisait Sa particularité - dans une classe politique dont on dit qu'elle manque de conviction - c'était justement sa force de conviction.
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