C'est en effet un très forte majorité qui a refusé d'entériner la cession au privé des aéroports d'Orly et de Roissy, aujourd'hui détenus à un peu plus de 50% par l'État : 78 voix pour et 246 contre, avec les socialistes, les communistes et une bonne partie de la droite.
Des socialistes qui, c'est un comble, détiennent toujours le record de privatisation en France, sous le gouvernement Jospin, avec plus de 30 milliards d'euros de cessions. Une droite qui, lors de la dernière élection présidentielle, défendait la relance massive des privatisations, non seulement pour des raisons budgétaires, remplir les caisses de l'État, mais aussi idéologiques.
L'objectif c'était de faire reculer la présence de l'État dans l'économie. Il n'en est plus question aujourd'hui. En cause : une série de mauvais expériences.
D'abord des privatisations mal exécutées. L'interminable affaire des autoroutes, vendues par l'État en 2006 dans des conditions très désavantageuses pour le contribuable et aussi pour l'automobiliste.
En clair, on n'a pas vendu assez cher, et ce sont des actionnaires privés qui en profitent aujourd'hui. Ensuite, la vente catastrophique de l'aéroport de Toulouse, réalisée par Emmanuel Macron quand il était ministre de l'Économie. Une vente concédée à un aigrefin chinois, qui n'a rien fait sinon pomper les dividendes, et qui veut revendre aujourd'hui avec une forte plus-value.
Outre ces précédents malheureux, il y a aussi un incontestable changement de climat idéologique, qui n'est plus favorable au privé.
Pendant trente ou quarante ans, le consensus était que le privé était le mieux armé pour gérer une entreprise, y compris ce qu'on appelle les monopoles naturels. Un réseau ferré, un réseau électrique ou un aéroport, ce sont des monopoles naturels.
On imagine mal deux réseaux ferrés parallèles qui se fassent concurrence, ce serait absurde. Idem avec les aéroports, deux plateformes installées côte à côte en concurrence serait un gaspillage de ressources considérables. Mais avec la crise, l'idéologie dominante a changé. Les failles du marché ont été pointées, les États reviennent en force dans l'économie. Bien sûr dans les systèmes faussement capitalistes comme la Chine, mais aussi dans les pays comme les nôtres.
La grande révolution libérale des années 1980 est terminée, elle est même en passe de s'inverser. Les États et les frontières retrouvent la légitimité qu'ils avaient perdue, y compris auprès de la droite. Parce ce que c'est ce que veulent les électeurs, et cela dans la plupart des pays simultanément.
Honnêtement, du strict point de vue du contribuable, ça se discute. C'est une entreprise assez rentable pour l'actionnaire, qui rapporte au moins du 4% net d'impôt. Alors que projet du gouvernement est d'acheter des obligations d'État avec le produit de la vente, obligations qui ne rapportent guère ces temps-ci.
Pourquoi vendre un actif stratégique qui rapporte pour acheter du papier qui ne rapporte pas grand chose ? En fait, pourquoi vendre une rente ? Le vote du Sénat a le mérite de pointer cette question de bon sens. Il ne bloque rien, puisque c'est bien sûr l'Assemblée qui aura le dernier mot législatif. Mais le gouvernement aurait tort de ne voir dans le refus de la haute Assemblée qu'un geste de mauvaise humeur.
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