Cela démarre souvent par une rigolade entre copines et la création d’un nouveau compte Instagram ou Facebook dans la foulée, juste pour voir. Celui-ci est spécialement dédié aux pieds de l’intéressée : pas de photo du visage, ni de nom de famille.
Sarah est étudiante dans une école privée de Nice, Lilou suit un cursus universitaire à Lille et elles ont accepté de raconter leurs expériences pour RTL. "J’ai commencé vers mes 18 ans. C’était comme de l’argent de poche : je gagnais en moyenne 300 euros par mois. Mon profil est visible, un homme m’envoie un message en expliquant ce qu’il désire et je lui détaille ce que je fais ou pas. Il y a des codes, on se vouvoie par exemple", explique Lilou. Ces clients, souvent bien plus âgés qu’elles, ont des demandes précises de photos stylisées. "Ça va être un peu tous les angles de prises de vue de mes pieds, dessus, dessous. Certains réclament une couleur de vernis à ongles précise, d’autres des bas, des collants, des talons aiguilles…", énumère Sarah.
Ces prestations tarifées leur rapportent plusieurs centaines d’euros par mois. "Pour 10 minutes d’échange par messages, s’il y a quelques photos, on part sur 15, 20 euros. Si par contre c’est par caméra, que je filme mes pieds et que les clients me parlent et que je leur réponds, ce sera plutôt 50 euros", poursuit Sarah. Elles cherchent également à "ferrer" leurs meilleurs clients. "Par exemple, je vais passer ma main sur mon pied comme si je mettais de la crème, pour les inciter à en demander plus, ça reste du commerce en fait", conclue dans un sourire l’étudiante Niçoise. Les virements se font en ligne, bien souvent sans être déclarés.
Un commerce nourri par le fantasme et le sentiment de transgression qui fait parfois naviguer ces jeunes filles en eaux troubles. Leurs clients ont des demandes de plus en plus osées, vont réclamer des "nudes", des photos nues par exemple ou proposer un rendez-vous. Nous avons cherché à en joindre une trentaine et l’extrême majorité d’entre eux ont décliné nos demandes d’interview.
Certains ont même fixé une condition : leur envoyer des photos de nos pieds pour s’exprimer sur RTL ! Leur pratique sexuelle restant assez confidentielle, voire tabou, ils chérissent l’anonymat que leur offre internet. Nous sommes parvenus à convaincre Houcine, fétichiste affirmé : "J’ai commencé à avoir ce fantasme vers 15, 16 ans, j’observais les pieds de mes camarades de classe. J’aime les photos, mais aussi acheter des collants ou des chaussettes déjà portées. Je peux mettre 50 euros sur une vieille paire de chaussures par exemple. Je contacte les filles par internet, sur Facebook, quand je vois qu’elles ont un pied en photo de profil. Et ensuite on passe par Messenger pour envoyer les clichés. Pour moi, ce n’est pas de la prostitution ça, elles ne vendent pas leurs corps".
Pourtant, au bout de quelques semaines, quelques mois, cette pratique perturbe les étudiantes. Lilou a vendu une paire de talons hauts pour plusieurs dizaines d’euros, mais se pose des questions. "Impossible d’en parler à ma mère, elle me tuerait pour ça. Selon moi, c’est une nouvelle forme de prostitution, c’est moins 'hard' que de vendre totalement son corps et de se faire toucher par quelqu’un, mais en soit c’est vendre son corps sur internet, cela revient un peu au même. Mon petit copain est au courant, parfois je lui dis 'bon, mon client m’appelle je vais dans la salle de bain', ou alors il me demande ce que l’on se raconte par message, ça l’intrigue, mais il ne m’interdit rien, au contraire, il est plutôt heureux que nous ayons plus d’argent pour profiter du week-end".
Selon Sarah, même s’il y a une forme de gêne et parfois un sentiment de culpabilité, cette pratique reste assez éloignée de la prostitution : "Certes, je vends mon image sur internet, mais il n’y a pas de 'réel', pas de contact, donc pour moi, non'. Mais face à l’usure de cette "double vie", ces messages la nuit, pendant les cours et parfois des propos graveleux de la part de leurs clients, Lilou a totalement arrêté cette année et Sarah n’a conservé qu’un ou deux fétichistes dans son répertoire.
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