Un seul shot en 12 jours, bu "par politesse" : les jeunes de moins en moins accro à l’alcool et au tabac

Selon une étude européenne sur la consommation des jeunes, relayée début septembre par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), seuls 20% des Français de 16 ans ont déclaré avoir consommé du tabac. Le chiffre du cannabis, lui, est encore plus bas, se situant autour des 8,4%. Par ailleurs, il y a cinq fois moins de fumeurs quotidiens et trois fois moins de jeunes ayant expérimenté le cannabis comparé à 2015.

Martin, 18 ans, n'a jamais touché à une cigarette, mais il a déjà "testé" l'alcool et le cannabis, à la fin du collège. "Les premières fois où tu consommes, c'est soit sous la pression sociale, soit pour faire le grand", estime l'étudiant en première année de droit à Paris.

Néanmoins, depuis le lycée, il prône la sobriété, motivé par sa foi chrétienne, sa pratique sportive et sa capacité à s'amuser avec ses amis sans recourir à des substances psychoactives.

Un seul shot en 12 jours, bu "par politesse" : le bilan des vacances à Malte entre amis de Martin, pour la fin du lycée, semble refléter la tendance à la baisse de la consommation d'alcool parmi les adolescents français.

Une prise de conscience ?

Les chiffres de l'étude illustrent une nouvelle tendance générale, celle "d'une prise de conscience dans la société (...) des effets délétères de ces comportements", juge Nicolas Prisse, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

Déjà en 2022, une vaste enquête menée par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies pointait une tendance à la baisse de la consommation de substances psychoactives chez les jeunes. Selon le médecin de santé publique, cette étude, menée sur 23.000 Français de 17 ans, montre que "la bataille de la dénormalisation" est en passe d'être gagnée.

Le tabac n'est "plus populaire chez les jeunes"

Charlotte, 16 ans, boit de temps en temps en soirée. Cependant, pour la jeune scolarisée en banlieue toulousaine, hors de question de "tomber" dans "la dépendance à la nicotine". Sa mère, elle-même fumeuse, le lui a d'ailleurs interdit. "Elle y est tombée hyper jeune et maintenant, c'est vraiment une addiction", déplore la lycéenne, soulignant que "ça coûte super cher".

D'après Nicolas Prisse, plusieurs éléments peuvent expliquer que la consommation de tabac ne soit "plus populaire chez les jeunes". Augmentation constante du prix, paquet neutre, interdiction de vente aux mineurs... ces dernières années, un véritable "arsenal de régulation" a été constitué, estime le spécialiste.

Une autre explication à cette évolution pourrait être la "dégradation de la santé mentale" observée chez les jeunes, entraînant un "repli sur soi", à l'âge où la consommation est liée à une "conformité sociale du groupe", explique le docteur. 

L'alcool, une "boisson centrale" dans la socialisation des adolescents

Ruben et ses amis ne sortent pas beaucoup. Du haut de ses 17 ans, ce lycéen n'a jamais essayé ni le tabac, le cannabis et la cigarette. Originaire de Toulouse, le jeune garçon ne ressent "pas tellement de curiosité pour ces produits". En revanche, il se voit consommer de l'alcool "plus tard", quand il aura "plus d'occasions d'en boire". 

À 15 ans, Clara, dont le prénom a été modifié, confie "qu'être bourrée, ça me fait un peu peur". En effet, elle raconte avoir "des copines qui ont déjà été pas très bien, au point de devoir appeler l'hôpital". Dans les soirées de cette élève de seconde, il y a fréquemment des boissons alcoolisées. Selon cette élève scolarisée à Saint-Mandé, dans le Val-de-Marne, certains jeunes de son âge "ne savent pas vraiment leurs limites".

En 2025, l'alcool reste central dans la socialisation des adolescents. Il y a un an, sept sur dix jeunes l'avaient déjà essayé en 2024, avec une fréquence notable "d'alcoolisations ponctuelles importantes", soit au moins cinq verres d'alcool lors d'une même occasion.
 
Bien que les résultats de l'étude soient positifs, "il faut rester prudent", estime Nicolas Prisse. "Les industriels -ou d'ailleurs parfois les groupes criminels, quand il s'agit de stupéfiants et de produits interdits- sont très inventifs en termes de tendances et de propositions d'offres sur le marché", ajoute-t-il.

Les "puffs", cigarettes électroniques jetables, en sont un bon exemple. Interdites à la vente depuis février en France, elles continuent d'être vendues, notamment dans les petites épiceries.  "C'est aux fruits, ça sent bon", contrairement aux cigarettes, explique Clara. "Ça n'a pas l'air très dangereux", estime la lycéenne, pourtant consciente de leur nocivité. Comme en témoignent ces jeunes interviewés par l'AFP, les puffs restent donc une tendance bien réelle. 

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