"Un besoin d'identité" : les jeunes adultes de plus en plus nombreux à se faire baptiser

Dans la paroisse Saint-Léon, à Paris, dans le XVe arrondissement, les futurs baptisées se rassemblent pour une séance de préparation au baptême. La plupart d'entre eux sont des jeunes âgés de 20 à 35 ans. Devant l'entrée de cette église, Jean-Louis, paroissien depuis 30 ans, porte son chapelet autour du cou. Il est accompagnateur des futurs baptisés et dresse un constat en regardant son groupe.

"Depuis 2-3 ans, c'est vraiment vertigineux et surtout, ce qui est impressionnant, c'est l'âge. On a beaucoup de jeunes adultes", confie-t-il. Devant lui, 11 adultes, l'un d'eux a des traits juvéniles. Il a moins de 30 ans, Antoine, est parisien, "j'ai une famille qui est grandement athée", explique-t-il. 

Un jour, il tombe sur des vidéos sur internet. "J'ai commencé à me dire, c'est vrai qu'il a quelque chose peut-être derrière, moi qui suis pourtant un esprit très cartésien", raconte-t-il. Il décide alors d'enclencher le processus : "J'ai poussé la porte d'une Église, je suis allé à la messe sans trop savoir ce qu'il fallait faire et j'ai assisté au mariage de mon meilleur ami. Le prêtre était à la même table que la mienne, donc on a beaucoup discuté, ça m'a confirmé dans mes questions".

Un jeunesse qui connaît peu de choses sur la religion

Face à ces groupes de jeunes, l'Église doit s'adapter puisque la plupart arrivent avec un bagage religieux quasi nul. Jean-Louis doit donc partir de zéro avec ces futurs baptisés. "Pour nous, les vieux cathos, ça bouscule parce qu'ils découvrent tout. Ils sont pour beaucoup totalement en dehors du coup", confirme-t-il.

Cette conversion, certains jeunes l'entreprennent discrètement. Thomas, 24 ans, est ingénieur en informatique. Parmi ses proches, aucun catholique alors, il n'en parle tout simplement pas. "Je suis assez pudique sur le sujet. C'est un sujet qui met beaucoup de gens mal à l'aise. J'essaye d'en parler le moins possible. J'ai absolument le sentiment d'être à contre-courant, d'être une bizarrerie", confie-t-il.

Mais dans le groupe, tout le monde n'est pas d'accord, la discussion s'engage. "Moi, je ne me sens pas tellement à contre-courant parce que justement, je pense qu'il y a une réelle vague nouvelle, un besoin d'identité, d'appartenir à quelque chose. Je n'ai pas de honte à en parler autour de moi. Mes parents ne sont pas chrétiens, mais pour autant ils seront là à mon baptême", explique l'un d'eux.

Un besoin d'appartenance

Aujourd'hui, 42% des adultes qui se font baptiser ont entre 18 et 25 ans. Un moment d'entre-deux pour l'Église que constate le père Metzinger, curé de la paroisse. "À 20, 25 ans, 26 ans, ils se disent 'je ne suis pas à l'aise parce que je n'ai pas d'appartenance'. Dieu attire et quand on voit ce qu'on dit de l'Église, j'ai envie de dire que ce n'est quand même pas grâce à l'Église.

Ce manque d'appartenance est pour ses jeunes plus fort que les affaires qui ont éclaboussé l'Église ces dernières années. "En ce moment, il y a plein de divisions, qu'elles soient politiques, qu'elles soient idéologiques, qu'elles soient même parfois martiales, on le voit avec les différents conflits. L'Église, c'est un lieu de rassemblement. Ça a quelque chose quand même de certaines ferveurs, un certain sens de la communauté aussi", explique Antoine.

Grâce à ce besoin d'appartenance, l'Église arrive à recruter, malgré les scandales. La conférence des évêques de France a mené une enquête sur le sujet. "Ce qu'on voit, c'est qu'il n'y a pas eu d'impact négatif sur les personnes qui demandent le baptême. La question des abus dépasse le seul lieu de l'église et est présente dans toute la société, confirme Catherine Chevalier, responsable de la vie chrétienne dans cette institution.

Ce dimanche, à Pâques, cinq jeunes adultes se feront baptiser le même jour dans la paroisse de Saint-Léon. Ils seront plus de 10.000 en France, une hausse de 45% par rapport à l'an dernier.

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