Affaire Bétharram : comment l'Église forme-t-elle ses intervenants à la prévention des violences et des abus sexuels ?

Alors que la commission d'enquête parlementaire, ouverte après l'affaire Bétharram, veut entendre François Bayrou, l'évêque de Bayonne doit lui tenir une conférence de presse jeudi 13 mars. Ailleurs en France, certains diocèses ont pris les devants pour prévenir et former leurs intervenants en contact avec des mineurs. C'est notamment le cas à Créteil, dans le Val-de-Marne.

Ce jour-là, 60 personnes de tous âges sont réunies. Tous sont des laïcs, scouts, enseignants, aumôniers qui vont encadrer le mois prochain le FRAT, un rassemblement qui regroupe plus de 10.000 lycéens à Lourdes. Répartis en petits groupes, les participants doivent débattre de la posture à adopter face à un cas concret. Puis chaque groupe présente ses réponses aux animateurs de la journée.

Premier cas : "vous voyez la photo de fond d'écran du smartphone d'une des animatrices. C'est un selfie d'elle-même avec deux jeunes du groupe de 12-13 ans". Comment réagir ? "Aujourd'hui, je me poserai la question parce que je suis papa, j'ai des enfants, ils ont à peu près le même âge", confie un intervenant. "Il y a quand même un petit dysfonctionnement au plan de la posture éducative", déclare une autre. 

Connaître les protocoles de signalement

Quelle attitude adopter avec les jeunes ? Comment recueillir leurs paroles ? Autant de clés que Sébastien Brochot, formateur au Centre Ressources pour intervenants auprès d'auteurs de violences sexuelles, transmet pendant cette journée.

"Évidemment, ce qu'on va travailler là, ce sont nos propres fragilités. Qu'est-ce que nous, finalement, on fait peut-être inconsciemment et qui viendrait fragiliser les enfants dans la prévention des violences sexuelles ? Donc, essayer d'éviter de rentrer dans des liens privilégiés, faire très attention aux comportements de séduction", explique-t-il. La formation permet aussi de connaître les protocoles de signalement si un abus est détecté.

Une formation née il y a trois ans

Le diocèse de Créteil n'a pas attendu l'affaire Bétharram pour mettre en place cette formation. Elle est née il y a trois ans déjà, dans la foulée du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église, avec l'objectif de rendre l'Église plus sûre.

"Tout le monde est censé être vigilant. Et puis on est en train d'éviter les 'ah oui, on s'en doutait', 'ah oui, ça, on pensait que… '. Voilà, tout ça, on ne veut plus que ça existe. On veut que dès les signaux faibles, on ait suffisamment une vigilance pour se dire 'telle ou telle situation, non, ce n'est pas possible'", explique Isabelle Delerive est référente prévention et bientraitance au diocèse de Créteil.

Cette formation obligatoire, notamment pour tous les prêtres du diocèse, mais aussi pour toute personne au contact de mineurs dans un rassemblement catholique. Que ce soit sur la posture à adopter ou bien sur les signaux à repérer, les participants ont le sentiment d'être plus au fait des comportements à adopter.

"Il peut y avoir des cas que je soupçonne au niveau des violences au sein de la famille, des parents sur l'enfant. Et donc c'est par rapport à ça aussi que je pense, si j'avais su ce que j'ai appris aujourd'hui, peut-être que j'aurais pu agir mieux", estime un participant responsable de niveau dans un lycée.

En trois ans, ils sont déjà 700, religieux ou non, à avoir suivi cette formation diocèse de Créteil.

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