La victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine plonge le monde entier dans l'inconnu tant il a multiplié durant la campagne les promesses tonitruantes et les propositions floues remettant en cause des accords internationaux et des équilibres géopolitiques. Le candidat républicain s'est dit prêt à revenir sur de nombreuses décisions prises par Barack Obama lors de ses deux mandats à la Maison Blanche, sur le plan de l'environnement notamment. Désireux de faire de la politique énergétique un objectif de politique étrangère, le futur 45e président des États-Unis a défendu un programme de dérégulation afin d'optimiser l'exploitation des ressources du sous-sol américain et rendre les États-Unis indépendants des autres pays.
Donald Trump a qualifié en mai dernier le réchauffement climatique de "canular" et annoncé sa volonté de s'affranchir de l'accord de Paris, négocié dans la douleur par la communauté internationale depuis deux décennies et ratifié en décembre 2015 au terme d'un effort historique de la Chine et des États-Unis, les deux principaux pollueurs de la planète. Le milliardaire américain estime que "cet accord donne à des bureaucrates étrangers le contrôle sur la quantité d'énergie que nous, Américains, pouvons consommer dans notre pays" et que les efforts pour limiter le réchauffement climatique vont "tuer l'emploi et le commerce".
En attendant l'officialisation des résultats outre-Atlantique et la réaction du président François Hollande, la ministre française de l'Environnement, Ségolène Royal, s'est voulue rassurante quant à l'avenir de la COP 21. La numéro 3 du gouvernement a estimé mercredi 9 novembre sur RTL que Donald Trump ne sera pas en mesure de dénoncer l'accord de Paris, jugeant que le compromis trouvé à la fin de l'année et entré officiellement en vigueur vendredi 4 novembre était désormais contraignant. "Il ne peut pas empêcher sa mise en oeuvre, rappelant que, à l'heure où je vous parle, 103 pays ont ratifié, représentant 70% des émissions", a indiqué la ministre chargée des Relations internationales sur le climat.
De fait, Donald Trump pourra difficilement dénoncer l'accord international sur le climat. L'article 28 du texte signé à Paris permet à chaque pays de le dénoncer "à l'expiration d'un délai de trois ans à compter de la date de son entrée en vigueur" afin de s'y soustraire. "La dénonciation prend effet une année après le début de la demande de retrait", indique le deuxième alinéa de l'article. Cela signifie que les États-Unis ne pourront pas finaliser un "Parexit" avant 2020, soit la fin du probable mandat de quatre ans de Donald Trump. Et comme l'accord est entré en vigueur le 4 novembre, une telle démarche constituerait une violation du droit international par les États-Unis.
Cela dit, rien n'empêche Donald Trump de prendre ses distances avec le pacte de Paris en ne respectant pas les engagements pris par Barack Obama. Le candidat républicain a déjà promis aux mineurs américains craignant pour l'emploi qu'il supprimerait les mesures contre les vieilles centrales de charbon et qu'il relancerait l'extraction offshore de pétrole et de gaz. "Le Canada a bien quitté Kyoto. Et l'accord de Paris ne prévoit pas de sanction", rappelle Teresa Ribera, directrice de l'Institut du développement durable, interrogée par l'AFP. Pour elle, un départ américain n'invaliderait pas l'accord, mais ce serait l'excuse parfaite (pour d'autres acteurs) de dire 'On s'en fiche !'" et largement suffisant pour menacer le processus de paralysie ou d'un retard dommageable. En 2001, le refus de George W. Bush de ratifier le protocole de Kyoto avait encouragé la sortie du Canada, du Japon et de la Russie.
Sonnés par l'élection de Donald Trump, les défenseurs du climat, réunis à Marrakech depuis lundi pour la COP22, affichaient néanmoins leur détermination à poursuivre la lutte contre le réchauffement, convaincus que l'avènement des énergies propres est inéluctable. "Nous avons hâte de collaborer avec son administration, afin de faire avancer l'agenda climatique pour le bénéfice des peuples du monde", a déclaré dans un communiqué laconique la responsable climat de l'ONU. Une semaine après l'entrée en vigueur de l'accord de paris, les pays doivent maintenant s'entendre sur un certain nombre de règles pour le rendre opérationnel. Il implique notamment des investissements massifs dans les énergies renouvelables pour que les économies se détournent des énergies fossiles, dont Donald Trump est un grand défenseur.