Il y aurait beaucoup à dire sur l’incident contre Emmanuel Macron
vendredi 17 janvier au théâtre des Bouffes du Nord. Et parmi les nombreuses
questions, il y en a une qui revient de plus en plus souvent : c’est quoi,
être journaliste ?
Résumons les faits : vendredi soir, Taha Bouhafs, jeune
journaliste qui travaille pour Là-Bas si j’y suis, le site fondé par
Daniel Mermet après son éviction de France Inter, tweete : "Je suis actuellement au théâtre des Bouffes du Nord. Trois rangées
derrière le président de la République. Des militants sont quelque part dans le
coin et appelle tout le monde à rappliquer. Quelque chose se prépare… la soirée risque
d’être mouvementée." Il plaisante même avec ses abonnés pour savoir s’il
doit ou non lui lancer sa chaussure comme ce journaliste irakien face à Georges
W. Bush.
Taha Bouhafs est alors arrêté et placé en garde à vue pour
organisation et participation à la manifestation. Et ce n’est pas la première
fois que son cas agite la profession et les réseaux sociaux. Les uns le
qualifient de "journaliste militant" ou de militant pas du tout
journaliste. Les autres l’érigent en victime des persécutions du pouvoir.
On va mettre de côté les arguments lamentables de la députée LFI
Danièle Obono qui explique que "ça en défrise beaucoup qu’un jeune homme
arabe puisse avoir ce statut". Mais se pose la question de la nature de l’information
et du rôle démocratique des médias.
Et donc, journaliste ou pas journaliste ? Taha Bouhafs se
qualifie de "journaliste des luttes". Bref, un journalisme de parti
pris. Évidemment, ses défenseurs rappellent son fait d’armes : il est
l’auteur de la fameuse vidéo d’Alexandre Benalla frappant des manifestants.
Mais filmer une scène, ce n’est pas être journaliste. Et à l’époque, il ne
l’est pas. Il est activiste dans les mouvements sociaux, proche de Madjid
Messaoudene, élu insoumis de Saint-Denis aux obsessions communautaires très
marquées.
Alors, quelle différence entre le moment où il est engagé dans
l’activisme politique et le moment où, parce qu’il est embauché par un site de
presse, il devient journaliste ? C’est tout le débat.
Il y a une différence entre journaliste engagé et activiste.
Natacha Polony
Il est militant ? C’est vrai. Mais le journalisme d’opinion,
le journalisme engagé, est une tradition en France. Alors, certes, engagé, ce
n’est pas exactement militant. Mais en matière de militantisme, on peut citer
quelques confrères qui mettent toute leur ferveur à soutenir les pouvoirs en
place.
Peut-on pour autant considérer Taha Bouhafs comme pleinement
journaliste ? Pas tout à fait. Parce qu’il y a une différence entre journaliste
engagé et activiste. La différence entre celui qui observe l’événement, avec sa
subjectivité, et celui qui le crée. La différence entre celui qui considère que
son rôle de journaliste est d’informer, de donner à comprendre, dans tous les
domaines, et celui qui ne voit qu’une partie du réel et utilise les images et
les textes pour faire avancer sa cause.
Or, très clairement, Taha Bouhafs fonctionne rigoureusement de la
même façon maintenant qu’il se dit journaliste, qu’il ne le faisait quand il
était activiste politique. Quand on est dans la mêlée, on ne voit qu’un point
de vue. Ceci dit, son audience, il la doit surtout à la défiance des citoyens
vis-à-vis des médias classiques. C’est donc à la profession de se remettre en
cause.
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