Sommet sur l'océan à Nice : sauver le plancton, un enjeu majeur pour la biodiversité marine
À l'occasion du sommet mondial des océans à Nice, la préservation du plancton s'impose comme une priorité cruciale. Ces micro-organismes, invisibles à l'œil nu, jouent un rôle vital dans l'équilibre climatique et la chaîne alimentaire marine. Face aux menaces du réchauffement climatique et de la pollution, des scientifiques s'emploient à mieux comprendre et protéger ces "prairies océaniques" essentielles à notre survie.
Le sommet mondial des océans, rendez-vous des Nations-Unies consacré à la conservation des espaces marins, débute lundi 9 juin à Nice. Parmi les enjeux de la préservation des océans, on retrouve la protection des planctons. Ces organismes invisibles à l'œil nu sont essentiels à notre survie. Dans un verre d'eau de mer totalement transparente, il y a autant de planctons que d'êtres humains sur la Terre, 8 milliards.
Sur Persévérance, un bateau laboratoire amarré à Brest, des scientifiques étudient le plancton en regardant la couleur de la mer. Lola Daboussi, ingénieure en biologie, entraîne l'équipage à pêcher du plancton avec une épuisette composée de minuscules mailles. Le mot plancton "vient du grec 'planctos' qui signifie 'dériver' et ça fait référence aux organismes qui dérivent au gré des courants", explique-t-elle.
Il existe plusieurs types de plancton, le phytoplancton, ce sont de minuscules plantes, et le zooplancton, ce sont des animaux. Pour faire apparaître ces organismes, Lola Daboussi remonte l'épuisette, la rince, puisse passe l'eau dans un filtre capable de récupérer des formes de deux millièmes de millimètre. Le filtre devient alors tout vert. "Tout ça, c'est du plancton couleur verdâtre. Magnifique !", s'émerveille-t-elle
Pour mieux les observer, la scientifique fait passer les planctons sous un microscope relié à une tablette. À l'écran apparaissent ainsi des dizaines de petits planctons. "Ici là, c'est Thalassionema qui a une forme caractéristique en brosse à cheveux, explique-t-elle, ça, c'est le copépode. Je crois que ça vient de cyclope, parce que ce sont des crustacés qui ont deux antennes et qui ont un seul œil. Le copépode, c'est vraiment la base de la chaîne alimentaire des poissons gras, sardines, anchois".
Pourquoi l'observation des planctons est-elle essentielle ?
L'objectif des chercheurs est de pouvoir dire en regardant des images satellites, en fonction de la couleur de l'eau, quelle quantité de plancton il y a dans un endroit donné. Lola a enregistré la composition de l'eau, les coordonnées GPS, elle va les associer à une photo prise de l'espace. Une vingtaine de bateaux vont faire ces mêmes relevés dans tous les océans. "Le but, c'est d'essayer de lier la couleur de l'eau avec la composition en micro-organismes. Plus l'eau est verte, plus l'eau a de planctons", résume-t-elle. Et si les planctons venaient à disparaître, "l'eau serait amenée à bleuir de plus en plus", assure-t-elle.
Le plancton est en danger à cause du réchauffement des océans qui deviennent plus acides, ainsi que de la pollution chimique et du plastique. Il se fait rare dans certaines zones et ça se ressent déjà sur le nombre et la taille des poissons plus petits. Il joue pourtant un rôle capital sur le climat, comme les plantes qui poussent sur Terre grâce au phénomène de la photosynthèse.
"C'est la même capacité qu'ont les plantes sur Terre et le phytoplancton en mer capture le gaz carbonique qui est dans l'air et, sous l'action du soleil, en fait sa nourriture. Et donc il est évident que cette prairie océanique que constitue le phytoplancton, a un rôle essentiel sur le climat", explique l'explorateur Jean-Louis Étienne.
Le plancton récupère 30% du carbone émis par les humains, il produit la moitié de l'oxygène qu'on respire. C'est la raison pour laquelle il est essentiel de protéger la mer et donc le plancton. Pour savoir comment il se porte, les scientifiques pourront bientôt tout simplement observer la couleur des océans.
