Le suspect-clé des attentats du 13 novembre, Salah Abdeslam a été arrêté vendredi 18 mars dans la banlieue bruxelloise de Molenbeek. Depuis quelque temps, le premier ministre belge accuse Philippe Moreau, l'ex-borgmestre de Molenbeek de 1992 à 2012 d'être responsable des dérives radicales et islamistes de la commune.
L'ancien maire de Molenbeek riposte et traite le premier ministre belge de "grand menteur". Selon lui, c'est "une manière de se défausser et de cacher certaine plaies de l'État belge". Philippe Moreau ne souhaite pas pour autant dénoncer une inaction de la part de la Belgique et de son premier ministre, mais il tient à pointer des "ratés". Tout comme en France, selon l'ancien bourgmestre, avec Salah Abdeslam.
C'est peut-être un manque de moyen mais on peut le regretter quand on sait le rôle qu'il a joué
Philippe Moreau, l'ex-bourgmestre de Molenbeek
"Je suis étonné qu'il n'ait pas été sous surveillance, alors qu'on avait plusieurs critères, dénonce-t-il, il était sur la liste des radicalisés, il avait été dans le banditisme classique, dans le trafic de drogue et était ami avec Abdelhamid Abaaoud". Il s'agissait peut-être simplement d'un "manque de moyen", mais ce "ratage peut être regretté", lorsqu'on sait le rôle que Salah Abdeslam a joué.
Accusé de clientélisme, Philippe Moreau assure qu'il n'a pas "acheté la paix sociale mais essayé de la maintenir". On ne peut pas ignorer le fait qu'un "groupe épouvantable s'est créé autour d'Abdelhamid Abaaoud, mais quand vous l'analysez bien, cela n'a strictement rien à voir avec la politique municipale", insiste l'ancien maire belge.
Capitale du jihadisme européen, nid de terroristes, "Belgikistan", ou encore "Molenbeekistan", les surnoms déferlent depuis les attentats de Paris. Philippe Moreau se dit "malheureux" face à ces propos car "99% des molenbeekois sont des gens pacifiques, qui demandent à vivre en paix". L'ex-bourgmestre ne peut nier cette "poussée jihadiste", qui reste néanmoins "équivalente à toutes les concentrations arabo-musulmanes".
Concernant Salah Abdeslam, Philippe Moreau rappelle que le terroriste est resté "très peu de temps à Molenbeek". Ces quatre mois de cavale sont essentiellement dus à l'aide de "vieux copains", qui dénoncent les attentats du 13 novembre mais qui par amitié préfèrent ne pas le dénoncer. Un aspect qu'a récemment découvert l'ex-maire de Molenbeek.
"J'ai notamment rencontré un jeune qui me dit 'moi je condamne tout à fait ça, c'est scandaleux, mais si je vois Salah, je suis bien obligé de le protéger'", raconte Philippe Moreau. Ce dernier estime que si "les services de police veulent démanteler cela, ils ne peuvent se contenter de travailler sur le radicalisme religieux".
Nous sommes devant un combat beaucoup plus large qui n'est pas terminé
Philippe Moreau, ancien maire de Molenbeek
Beaucoup insistent sur l'omniprésence des jihadistes au sein de l'État belge. Philippe Moreau tient malgré tout à rappeler que les attentats de l'Hyper Cacher et de Charlie Hebdo venaient de "fils de la République française". Les auteurs des attentats au Bataclan sont également des "enfants de la France".
"Nous sommes devant un phénomène où il y a eu un abcès épouvantable à Molenbeek, informe Philippe Moreau, mais nous sommes devant un combat beaucoup plus large, qui n'est pas terminé".
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