Ces courses sauvages à moto ou en quad, on les imagine forcément en ville, dans les cités, entre les barres d'immeubles, eh bien non. Ces mêmes jeunes délocalisent leurs exploits, leurs moteurs hurlent maintenant dans les campagnes, dans les champs transformés en circuits où tout est permis. Mathieu Boissy, cultivateur dans le Val-d’Oise le raconte dans le journal Le Figaro.
"Ils arrivent à bord de fourgons d’entreprise, motos bien planquées à l’arrière pour éviter d’être repérés et les dégâts se chiffrent en centaines ou en milliers d’euros". Début avril, à Bellefontaine, commune de 500 habitants, il y en avait 40. Quarante motos, et des spectateurs venus spécialement pour ça, dans une prairie en pleine pousse. Le genre de scène qu’on voit d'habitude dans des clips de rap, pas dans des champs à 30 km de Paris.
Quand ils repartent, les engins laissent derrière eux des herbes couchées, des sillons labourés à la sauvage et des rendements en miettes pour les agriculteurs. Laurent Dussotoir est éleveur laitier dans l’Oise, département voisin. "Après leur passage, j’ai perdu 50% du rendement habituel de coupe d’herbe. Ils étaient trop nombreux. Je ne pouvais rien faire".
On parle ici de ray-grass, une herbe fourragère précieuse. On la sème, on la coupe pour en faire du foin. C’est la nourriture du bétail. Une récolte ratée, c’est toute une chaîne qui s’effondre. Cet éleveur a porté plainte l’an dernier. Trois motards l’avaient menacé et refusaient de sortir de son champ. "Ils voulaient en venir aux mains".
C’est là que le risque devient clair, un syndicaliste le dit très clairement : "On a peur qu’un agriculteur excédé ne perde son sang-froid et ne se fasse justice lui-même". Un coup de tracteur, un coup de volant ou un coup de fusil.
Si le phénomène prend de l'ampleur, c'est d'abord parce qu'il fait beau. Les sols sont secs et les ponts du mois de mai s’enchaînent. Les motos chinoises coûtent une bouchée de pain et surtout les rodéos ont été chassés des villes. Les caméras de vidéosurveillance ont fait leur effet. Alors les jeunes vont là où on ne les voit pas et tant pis pour cette petite chose qu'on appelle le droit de propriété.
Souvent quand les gendarmes arrivent, il est déjà trop tard et s'il n'y a pas de flagrant délit, c'est pas vu pas pris. Même quand les agriculteurs filment, même quand ils montrent les dégâts. Pour le seul Val d'Oise, 213 motos ont quand même pu être saisies en 2024 chiffre qui sera surement battu en 2025.
Le préfet du Val-d’Oise a réuni les agriculteurs pour structurer une réponse. Il veut créer un référent agricole dans chaque secteur, en lien direct avec les gendarmes. Organiser des boucles d’alerte privées pour éviter que ces deux mondes qui ne se comprennent pas finissent par se percuter.
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