Plants de maïs en berne, choux ridiculement petits, pâturages brûlés, limitation des arrosages... Le cocktail de l'été 2015, mélange de fortes chaleurs et de rares pluies, a un goût amer dans de nombreuses régions. En particulier pour le secteur agricole.
"Au niveau de la sécheresse des sols, la situation reste tendue sur une grande partie du territoire", relève François Vinit de Météo France ce vendredi 7 août. En Charente, dans le nord du Limousin ou en Haute-Saône, les pluies des derniers jours ont donné un peu de répit aux agriculteurs. Mais la situation est toujours "préoccupante", en particulier en Champagne-Ardennes, Lorraine, Alsace, Bourgogne et Auvergne. Les départements de l'Ain, de la Loire et du Rhône sont aussi sévèrement touchés, tout comme la Haute-Vienne, la Creuse, la Haute-Garonne, le Lot, la Gironde, le Maine-et-Loire...
Ainsi, en Alsace, les choux destinés à la choucroute ont peu grossi et la récolte, qui s'étale d'août à décembre, s'annonce très mauvaise : de 25 à 50% inférieure à la normale - tout dépendra des précipitations ces prochaines semaines. Les producteurs de maïs sont aussi très touchés, notamment dans le Centre et l'Est, où ces cultures ne sont pas irriguées. Les agriculteurs de Rhône-Alpes ne sont pas épargnés, avec une baisse de production de 40 à 60% prévue.
Cette situation résulte d'un mois de juillet exceptionnellement chaud et sec, malgré la chute des températures et les précipitations de la dernière semaine (sauf sur le pourtour méditerranéen). Avec deux vagues de canicule, juillet a été le troisième mois de juillet le plus chaud en France depuis 1900. Facteur aggravant : le déficit pluviométrique national a atteint 43%. En Champagne-Ardenne, en Lorraine ou dans le Limousin, il approche ou dépasse même les 70%. Selon Alby Schmitt, de la direction eau et biodiversité au ministère de l'Écologie, "ce sera un été dont on se souviendra, comme d'autres sécheresses du passé". "Mais, à la différence d'autres grandes sécheresses, notamment celle de 1976, celle-ci n'a pas commencé en hiver, la recharge des nappes phréatiques a été très satisfaisante cette année". Or une bonne recharge hivernale des nappes atténue fortement la gravité d'une sécheresse estivale.
Mais cela n'évite pas les restrictions concernant l'usage professionnel et domestique de l'eau, le but étant de préserver des niveaux minimum dans les rivières et les nappes. Au 7 août, 70 départements sont concernés, à des degrés très variables, par des limitations, selon le site du ministère de l'Ecologie. Si les restrictions sont cette année plus étendues et plus sévères, elles sont toutefois en vigueur chaque été. "Pour environ 20% du territoire métropolitain, les besoins en eau sont structurellement supérieurs aux ressources disponibles", note le ministère.
Quand les rivières et les nappes atteignent des niveaux dangereusement bas, les préfets sont aux commandes et prennent localement des mesures graduelles : réduction des prélèvements, y compris agricoles, interdiction d'arroser les jardins, les golfs, de laver les voitures, de remplir les piscines... Les restrictions peuvent aller jusqu'à l'interdiction de tous les prélèvements, sauf ceux jugés essentiels (eau potable, sécurité civile, salubrité). C'est actuellement le cas dans la Creuse et la Haute-Vienne. Seule concession des autorités : les potagers peuvent, à certains endroits, être arrosés la nuit.
D'autres départements, comme la Saône-et-Loire, la Côte d'Or, la Haute-Garonne, le Lot, la Gironde et le Maine-et-Loire, sont partiellement soumis au même régime. Idem dans une bonne partie du Rhône, qui connaît un nouvel épisode de canicule. Le département va prendre des mesures pour faire respecter les restrictions. "Durant 20 jours au mois d'août, quatre à cinq agents de la Direction départementale du travail et l'Onema (police de l'eau) vont effectuer des contrôles itinérants deux à trois jours par semaine (...) pour surveiller les équipements municipaux et au besoin les particuliers", explique la préfecture.
La sécheresse 2015 épargne toujours quelques territoires : le piémont pyrénéen, le Jura, les Alpes, les côtes de la Manche et la Bretagne.
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