Matthieu Goar et Alexandre Lemarié, journalistes au Monde, publient ces jours-ci François Fillon, les coulisses d'une défaite. Ils ont suivi l'ancien candidat LR pendant toute sa campagne présidentielle, de son ascension à sa longue descente aux enfers, pour finir par la chute brutale du premier tour de l'élection le 23 avril dernier. "Deux jours avant les révélations du Canard Enchaîné, il était à Berlin pour rencontrer Angela Merkel, et puis en fait c'est la chronique d'une campagne qui est un fiasco total", affirment les deux journalistes.
"Il n'y a pas eu de réaction de François Fillon depuis le second tour, le coup est très dur à encaisser", analysent les deux journalistes qui confient que le Sarthois "ne s'est jamais senti coupable de tout ce qui est sorti dans la presse". Ils affirment même que François Fillon "a toujours eu l'impression qu'il y avait eu une sorte de complot", et qu'au final, sans doute, "cette élection lui a été volée". Cependant, l'ancien Premier ministre "n'exclut pas de revenir dans la politique à moyen ou à long terme", analysent également les deux journalistes du Monde. Les indices sont là selon eux : au soir du premier tour, après la défaite, "contrairement à Lionel Jospin, il n'a pas annoncé son retrait, il ne sera juste pas candidat aux législatives, ni aux sénatoriales".
Les deux hommes reviennent également sur la période avant la présidentielle, et sur le parcours dans l'ombre de François Fillon après son départ du gouvernement. Après la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, le député de Paris voit donc, écrivent les deux hommes, une opportunité et saisit alors sa chance. "François Fillon avait envie de faire payer à Nicolas Sarkozy toutes ses rancœurs quand il était à Matignon". "Il faut dire qu'il a été marqué par son affrontement face à Jean-François Copé [dans la bataille pour la direction du parti], il avait ce sentiment d'avoir été volé" analysent les deux journalistes. "Entre Sarkozy et Fillon, il y a une rancœur, une blessure d'orgueil, dans l'entourage de Sarkozy on a beaucoup méprisé François Fillon", expliquent-ils par ailleurs. Ce qui a encouragé l'ancien Premier ministre à ne faire aucune concession lors de son début de campagne, campagne rapidement mise à mal et qui aura grandement coûté à son parti.