Comment peut-on supprimer des emplois quand on va mieux ? C’est toute l’histoire de l’industrie. De tout temps, dans tous les pays, dans tous les secteurs, l’industrie cherche à faire plus avec moins de monde. C’est ce qu’on appelle la productivité. En l’occurrence, il s’agit de suppressions de postes, et non pas de licenciements. Avec des départs en retraite ou pré-retraite, un appel au volontariat pour quitter l’entreprise, et ce que Peugeot appelle des "mobilités externes sécurisées". En clair, on propose à certains salariés de prendre un poste similaire dans une autre entreprise voisine, qui a besoin de salariés, avec une clause de retour si ça ne va pas.
S’ils suppriment des postes, c’est qu’ils diminuent la production ? Non, justement. Ils se tiennent à leur niveau actuel, un million de véhicules fabriqués en France par an. Mais ils veulent fabriquer un million de voitures avec moins de monde. Tous tous les concurrents du monde entier font la même chose. Celui qui ne chercherait pas à moderniser et robotiser est mort. Ses prix grimperaient, il se laisserait distancer par les autres constructeurs, sauf à interdire l’achat de voitures étrangères sur son sol. Quant à gagner plus d’argent, ce n’est pas un mal en soi : tout dépend de ce qu’on en fait. Si ça permet d’investir, ça protège l’entreprise pour l’avenir.
C’est cette course qui a permis l’élévation de notre niveau de vie depuis les débuts du capitalisme. C'est cela qui a permis l’extraordinaire baisse du prix des voitures depuis quarante ans, avec l’amélioration parallèle de la qualité. Alors oui, cela supprime de l’emploi chez les constructeurs. Mais d’abord les emplois qui restent sont plus qualifiés et mieux payés. La productivité, c’est ce qui a permis l’augmentation des salaires.
La productivité dans un secteur-clé a des conséquences positives sur tous les autres : elle irradie
François Lenglet
Surtout, avec la baisse du prix des voitures, tout le monde a pu s’équiper, ce qui a permis de dynamiser l’économie. Dans les années 1960, par exemple, les VRP commencent à s’équiper de voitures. Ils étendent leur zone de chalandise, leurs affaires marchant mieux. C’est toute l’économie qui s’agrandit. En fait, la productivité dans un secteur-clé a des conséquences positives sur tous les autres : elle irradie. Il y a quand même eu les délocalisations, ce qui est une perte sèche d’activité. Peugeot et (surtout) Renault ont massivement délocalisé pour fabriquer leurs petits véhicules, ceux qui ne sont pas compatibles avec nos salaires, et ça a été une saignée.
En gros, il s’agit des voitures de moins de 10.000 euros. Mais notez bien que la robotisation permettra, demain, de rapatrier ces usines. Avec moins de monde certes, mais quand même avec des emplois très qualifiés. On va s’en sortir non pas avec moins de progrès technique, mais avec plus.
Alors que Peugeot supprime des emplois, Renault vient d’annoncer 10.000 embauches. Celle-ci avait massivement réduit ses effectifs et sa base de production en France, plus tôt que Peugeot. Il n’y a que 30.000 salariés en France chez Renault, contre près du double chez PSA. La marque au losange, alors même qu’elle augmente sa production en France, arrive tout juste à 700.000 véhicules par an, contre un million chez PSA. Renault part donc de beaucoup plus bas. La hausse du marché a donc des conséquences plus visibles sur l’emploi chez eux.
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