Les marchés financiers ont salué par de très fortes hausses lundi 24 avril le premier tour de l'élection présidentielle française, pariant sur une élection du libéral pro-européen Emmanuel Macron. La Bourse de Paris a signé une séance enthousiaste (+4,14%, soit la plus forte hausse quotidienne depuis l’été 2012). La place parisienne n'est pas la seule à s'être emballée. Record à Francfort, record au Nasdaq (le marché des valeurs de haute technologie aux Etats-Unis) : c'est toute la planète finance mondiale qui a littéralement exulté, à cause de la victoire désormais probable du candidat d'"En Marche !".
Si les boursiers sont déchaînés, c'est qu'ils prennent pour acquis que l'euro subsistera. À leurs yeux, une victoire de la candidate du Front national aurait amené une crise monétaire, avec l'explosion de l'union monétaire européenne, qui ne peut se maintenir sans la France. Avec Emmanuel Macron, rien ne changera. C'est le premier point.
Le second, plus local (il n'impacte que les Français), c'est le programme fiscal d'Emmanuel Macron : réforme de l'ISF, avec la détaxation de tous les actifs financiers, c'est-à-dire les actions et les obligations. Sans oublier la réforme de la fiscalité sur les revenus du capital, c'est-à-dire notamment les dividendes que procurent les actions. Tout ça, c'est bon pour l’activité boursière.
Emmanuel Macron pourrait dire 'mon ami c'est la finance !'
François Lenglet
Il faut dire qu'ils ont vraiment eu peur avant le premier tour. Et si victoire de Macron il y a, le monde restera tel qu'il est, alors qu'une légère amélioration de la croissance mondiale se profile, y compris en zone euro, et que les politiques des banques centrales leur restent très favorables. Aux yeux des investisseurs, le danger actuel est politique. Pour eux le diable, ce sont les populistes. Populistes de droite comme de gauche, qui veulent tous remettre au pas la finance.
Le programme de Macron est à ce point favorable à la finance que le candidat d'"En Marche !" pourrait dire "mon ami c'est la finance !" Son programme, lui, est bien plus favorable que celui de François Hollande. Sur les questions fiscales bien sûr, mais aussi dans sa philosophie même, qui est plus proche de celle de la droite. Le projet de Macron, c'est de développer l'économie de marché, et non pas l'économie administrée. Même si les coupes qu'il envisage sont plus modestes que celles que souhaitait François Fillon, il veut réduire le poids de l'État dans l’économie. Ça aussi, c'est du miel pour les boursiers.
Si Macron passe, faut-il investir à la bourse ? Attention, on n'investit à la bourse que sur le long terme, et pas en fonction de telle ou telle opportunité politique. Sinon, on risque de se faire brûler les doigts. Dans le projet Macron, l'immobilier sera taxé à l’ISF, seulement au-dessus de 1,3 million d'euros quand même, et avec un abattement important pour la résidence principale. Est-ce que cela peut provoquer une crise de l’immobilier ? C'est très peu probable. L'offre de logements est toujours insuffisante, les taux d’intérêt sont bas, et les prix connaissent en ce moment une très forte accélération.