La série annuelle de concerts des Enfoirés débute ce jeudi 18 janvier à Bordeaux. Des shows qui se terminent toujours par l'incontournable Chanson des Restos. Un titre qui aurait pu ne jamais voir le jour et dont la naissance relève véritablement du miracle.
Car cette chanson est née dans l'urgence. En septembre 1985, Coluche lance l’idée des Cantines du Cœur, rebaptisés les Restos du Cœur sur les conseils de son manager Paul Lederman qui trouve que "cantine", ça fait trop misérabiliste. Très vite, Coluche se dit que pour recueillir des fonds, le meilleur moyen, ce serait une chanson. La recette a fait ses preuves vu qu’au début de cette année 1985, We are the world de Michael Jackson et Lionel Richie, s'est vendue à 20 millions d'exemplaires.
Alors Coluche veut faire pareil : des stars réunies sur une chanson composée par un faiseur de tubes. Et en France à cette époque, c’est Jean-Jacques Goldman qui est en train d’enchainer 18 dates au Zénith de Paris.
Le 3 décembre, Coluche se pointe dans sa loge et lui demande de lui faire une chanson qui marche pour les Restos du Cœur. Jean-Jacques Goldman accepte et demande "C’est pour quand ?". Coluche répond "C’est pour hier !" Il écrit la chanson des Restos en 3 jours.
Début janvier 1986, il retrouve Coluche pour l’enregistrer. Le problème, c’est que comme tout est fait à l’arrache, un nouveau casse-tête se présente : comment réunir toutes les stars que Coluche a sollicitées ? Si Michel Drucker et Nathalie Baye viennent en studio, pour les autres, c’est le système D. Daniel Balavoine, parrain des Restos, c’est impossible : il est en plein Dakar dont malheureusement il ne reviendra pas.
Pour les autres, on improvise : la voix d’Yves Montand est enregistrée chez lui sur un magnétophone. Pour celle de Michel Platini, Eugène Saccomano qui la récupère en Italie, dans les vestiaires de la Juventus de Turin juste après un match ! Quant à Catherine Deneuve, ça se fait tellement au dernier moment que son nom n'est pas sur la pochette du 45 tours qu’on a fabriquée en parallèle.
Il sera rajouté lors d’un 2e pressage. Et d’ailleurs, comme elle tournait à l’étranger, elle a fait ça carrément par téléphone. C’est pour ça que la qualité sonore étant médiocre, Goldman a glissé sa voix dans le refrain.
Le pari est donc tenu, la chanson sort le 24 février 1986. Elle se classe 2e au Top 50 et se vend à plus d’un million d’exemplaires. Pour remercier Jean-Jacques Goldman, Coluche lui offre une guitare de collection, une Gretsch, celle d’Eddie Cochran et George Harrison. Jean-Jacques Goldman est aux anges. Huit jours plus tard, le 19 juin, Coluche y sera aussi. À cause, comme chantait Renaud, d’un putain de camion.
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