"Pas le choix" : la suspension de la réforme des retraites divise les habitants de la ville préférée des seniors

La ville de Montmorency (Val-d'Oise) compte plus de 20 000 habitants, mais est surtout la ville préférée des seniors, selon un classement publié il y a quelques jours par Le Parisien. Une ville où il fait bon vieillir. C'est le cas d'Alain et Valérie, qui sortent de chez le boucher où c'est l'heure de pointe. Le cheveu à peine grisonnant, ils sont jeunes retraités, respectivement dans l'informatique d'une grande banque française et directrice d'école dans les zones d'éducation prioritaire.

Ils sont ravis d'avoir échappé à la réforme des retraites, dont le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a proposé la suspension lors de son discours de politique générale, mardi 14 octobre : "J'ai plein de copains qui sont concernés. Je viens de leur envoyer un truc en disant 'alors, on part plus tôt'. Je pense qu'y aller plus tôt, ils seraient encore plus contents" ; "C'est compliqué, mais je crois qu'il n'y a pas le choix que d'en passer par là. Donc, il faut espérer qu'enfin, la France, on ait un gouvernement qui tienne la route et qu'on puisse avancer dans les réformes nécessaires."

Même s'ils sont de la génération 61, tous deux assurent avoir suivi les débats sur les retraites il y a deux ans, ne pas avoir apprécié les 49.3, des passages en force à leurs yeux pour un système trop inégalitaire. Ils voient ce moment comme un répit.

"Cela va être un coût supplémentaire, déjà qu'on n'a plus d'argent"

Habitante de Montmorency

De son côté, Christophe aurait déjà dû être à la retraite : "Carrière longue. Apparemment, on pouvait prendre une partie de la retraite à partir de 60 ans, je crois." Lui est né en 1965, donc bénéficiaire de ce coup d'arrêt s'il est voté. Mais pour l'instant, il est surtout perdu : "On ne comprend rien, cela change tous les jours. Le processus, ils sont en train de l'arrêter. Mais est-ce que ça va durer ? Le gouvernement, il va encore sauter, on va repasser à autre chose. Donc pour l'instant, il n'y a rien qui changera au niveau du logiciel de retraite, parce que tant que les choses ne sont pas figées, ils ne vont pas tout changer pour rechanger tout deux heures après. Donc pour l'instant, on ne sait strictement rien. Moi, c'est 63 ans et demi. Après, je ne sais pas."

L'incompréhension ressort dans beaucoup de conversations, comme Catherine, âgée de 54 ans, qui est indépendante. Elle ne comprend pas la suspension qu'elle décrit comme un retour en arrière : "Ça change tous les jours. Pour ceux qui ont travaillé dur, je comprends qu'ils veuillent partir plus tôt et ça c'est normal. Maintenant, il y a un gros problème financier. Si on suspend tout, il y a des efforts à faire pour tout le monde. Quand on regarde ce que font nos voisins européens."

Et d'ajouter : "Cela va être un coût supplémentaire, déjà qu'on n'a plus d'argent. C'est simplement pour faire plaisir à la gauche. Mais ce n'est pas ça qui va résoudre notre problème, c'est clair." Elle espère donc voir un chemin se dessiner pour une nouvelle réforme avant la prochaine présidentielle.