La nuit du 8 au 9 janvier était l’une des plus froides de la semaine, avec -10 degrés ressentis dans la capitale. Dans l’un des plus beaux quartiers de Paris, dans un recoin sombre, David s'est installé sous plusieurs cartons pour se protéger de la neige et du vent. Cette nuit, il ne dort pas vraiment. Un visage buriné par la vie, il a 60 ans, mais parait en avoir 10 ou 15 de plus.
"Le froid, la pluie, tout ça, on est habitué, confie le sexagénaire, là, je suis bien couvert, j'ai un bon duvet. J'ai fait ma petite cabane pour être à l'abri. J'ai deux pantalons, un gros pull. Une fois que je suis dans la couette, je ne sens pas le froid ". "Le pire, c'est le matin, quand je fais ma petite manche, c'est là qu'il fait un peu frais", ajoute David.
Par orgueil, par habitude de l’inconfort, David, comme la dizaine de sans-abris rencontrés par RTL cette nuit, refuse d’admettre qu’ils ont froid. Aucun ne se plaint pour éviter d’être pris en charge. Mais les tremblements de David le trahissent, il grelotte, claque des dents comme tous les autres.
Avec le plan Grand Froid activé, des hébergements d’urgence supplémentaires ont été ouverts. Mais ces sans-abris refusent tous d’être pris en charge par le Samu social, le 115. D'abord parce que le 115 est saturé lorsqu’on les appelle, et même avec des hébergements supplémentaires, il n’y a pas de place pour accueillir tout le monde. "Ça ne sert à rien", assure David. "J'ai fait des foyers il y a longtemps, mais ce n'est pas intéressant. Je préfère ma liberté, tranquille".
Alors les sans-abris acceptent un café chaud, une soupe, la chaleur humaine des bénévoles et rien d’autre. Alexandre est à la rue depuis 13 ans. Il marche la nuit pour rester éveillé et lutter contre le froid. "Je dors, mais je dors le matin. Les foyers, c'est des prisons ouvertes". Même s'il le souhaitait, impossible pour lui d'appeler le 115, "j'ai plus de téléphone", sourit-il.
"Pour des raisons de promiscuité, de vols de leurs affaires. Ils se sentent plus tranquilles dans la rue tout seul" explique Hélène, bénévole de l'ordre de Malte.
Tous gardent le sourire malgré la souffrance de passer la nuit dehors avec ce froid. Aucun ne se plaint. Il y a des hommes, des femmes, chacun a son histoire, mais tous ont sombré petit à petit pour finir dans la rue : un drame familial, un divorce, une perte d’emploi.
Il y a des jeunes, mais surtout énormément de personnes âgées. La majeure partie de ces sans-abris que nous avons rencontrés, ce sont des personnes de plus de 60 ans cette nuit. Comme Vincent qui n’arrive même pas à nous ouvrir sa tente : "Le 17 février, j'aurai 85 ans, mais je ne suis pas au quart de ma vie", plaisante-t-il. "J'ai un sac de couchage et une couette, alors ça va".
"Ce n'est jamais facile, raconte Hélène. Je pense qu'à certains moments, ils doivent avoir froid, mais peut-être plus en journée quand ils sortent, surtout quand ils ont du mal à bouger avec l'âge. Vincent, c'est le plus âgé que je connaisse. Malheureusement, j'en vois tous les ans un certain nombre qui disparaît parce qu'ils décèdent dans la rue". Des décès ont souvent lieu en hiver, à cette période. Ces personnes s'endorment seules dans le froid et ne se réveillent jamais.
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