"On m'accusait de préparer un attentat à Athènes" : cyberharcelé pendant 5 ans, il est accusé à tort de terrorisme

Loïc était un jeune homme comme les autres. Puis un simple SMS va bouleverser son quotidien, transformant sa vie en un véritable cauchemar. Cyberharcelé pendant des années, il a vécu menaces de mort, usurpation d'identité et arrestation pour terrorisme...

Loic, cyberharcelé et accusé à tort de terrorisme

Loïc, cyberharcelé et accusé à tort de terrorisme

00:23:48

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

Loïc est étudiant en histoire de l'art et archéologie en Belgique. Âgé d'une vingtaine d'années, c'est un élève studieux, calme et posé. Le jeune homme n'a pas d'ennemis. Pourtant, un jour, alors qu'il se reposait sur son canapé, il va recevoir un SMS qui va faire basculer sa vie. Invité de Faustine Bollaert dans Un jour une vie, il raconte : "Le premier message que j'ai reçu disait simplement 'Je vais te tuer, mais je vais te tuer Loïc Noel' (...) J'étais un peu stupéfait, je ne comprenais pas ce qui pouvait mener quelqu'un à envoyer ce genre de message".

Et très vite, la situation dégénère. Les messages s'enchaînent. "Rien que la première journée, mon téléphone n'a pas arrêté de vibrer. Mon numéro a été associé à différents sites internet, des annonces de prostitution, de vente de voiture... Je recevais des messages de personnes comme vous et moi qui étaient intéressées par différents services". Malgré le signalement et l'implication de la police, les messages et attaques se poursuivent, et visent même les membres de sa famille. "C'étaient des menaces de toutes sortes. Et un beau jour, c'est mon numéro qui a techniquement envoyé un message à mes parents, puis à d'autres personnes de mon entourage (...) On a eu un contrôle de mon téléphone, une main mise, qui permet d'envoyer des messages à distance sans avoir physiquement le téléphone entre les mains. C'était aussi des menaces de mort et différentes insultes", continue Loïc.

Malgré les changements de numéros, les messages reviennent systématiquement. "J'étais totalement déboussolé" se souvient Loïc. Et l'histoire prend encore de l'ampleur quand une photo du jeune homme, nu, est diffusée sur les réseaux sociaux. "De la même manière qu'on peut utiliser le téléphone pour envoyer des messages, on peut utiliser un téléphone à distance pour prendre des photos. J'étais à la sortie de mon bain et le téléphone s'est déclenché", témoigne Loïc sur RTL.

À écouter

Comment fonctionne le '17Cyber', le nouveau réflexe pour les victimes de cyberattaques

00:03:59

Accusé à tort de terrorisme

Et l'histoire prend un tournant incroyable : alors en Crète pour ses études avec l'université de Bruxelles, Loïc est arrêté par des policiers, matraques à la main et est projeté sur le capot d'une voiture. "J'ai compris assez rapidement, vu les questions qui m'étaient posées, que le sujet concernait le terrorisme, qu'on m'accusait de préparer un attentat à Athènes". Incarcéré pendant 2 jours, Loïc fait tout pour expliquer sa situation dramatique et le piège dans lequel il est depuis maintenant plusieurs années. Rentré finalement en Belgique, sans pouvoir prendre l'avion, Loïc doit faire face à un procès et porter plainte pour se dédouaner. "Vu que la justice ne parvenait pas à trouver et à comprendre qui pouvait être derrière tout ça, et qu'il y avait des traces physiques qui prouvaient que mes appareils avaient commis des actes malveillants, tout ça s'est retourné contre moi".

Et l'aide apportée est minime, notamment de la part d'autres hackers, appelés pour aider à démasquer les commanditaires. "En réalité, les personnes n'osent pas s'attaquer à d'autres hackers. Vu l'ampleur de la situation, on a rencontré que très peu de personnes qui voulaient justement nous aider dans ce cadre-là", raconte Loïc. Aujourd'hui, plus de 10 ans après, les menaces ont cessé. Mais les hackers courent toujours. "On a pu mettre hors d'état les appareils d'un des hackers (...) Mais elle, elle n'a pas été inquiétée", conclut Loïc.

Egalement invité de Faustine Bollaert sur RTL, Damien Bancal, expert en cybersécurité, rappelle les quelques règles pour se protéger au mieux du hacking. "Mon téléphone portable, je ne le prête pas à n'importe qui. Très important aussi, vos mots de passe : changez-les, fréquemment, mettez ce qu'on appelle 'la double clé', ça veut dire que vous avez un mot de passe. Plus une double clé, ça veut dire que le pirate ne pourra strictement rien faire avec ça. Enfin, il ne faut jamais oublier de déposer plainte. Nos autorités sont capables de remonter à ce type de population. Certes, ça pourra prendre un petit peu de temps, mais la coopération internationale pourra aller en chercher un peu partout dans le monde".

La rédaction vous recommande