Nouvelle-Calédonie : comment avance la reconstruction du territoire après les émeutes ?

Où en est la Nouvelle-Calédonie, neuf mois après l'insurrection indépendantiste kanak et les émeutes en mai 2024 faisant 14 morts ?

Gendarmes français à Dumbéa en Nouvelle-Calédonie, le 24 juin 2024.

Crédit : AFP

LE MONDE EN MARCHE - Nouvelle-Calédonie, le feu couve toujours

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À Mayotte et à La Réunion, ce sont des cyclones qui ont tout ravagé. En Nouvelle-Calédonie, c'est une tempête sociale et identitaire dont les vents ne sont toujours pas retombés. Le journal Le Monde nous plonge au cœur de la deuxième ville de l'archipel, Dumbéa, qui compte 36.000 habitants.

Les émeutes et les violences ont eu lieu en mai 2024, dévastant tout sur leur passage. Aujourd'hui, le décor est le suivant : à Dumbéa, des boulangeries, des supérettes, des aires de jeu, des stations-service, des fast-foods et des centres médicaux ont disparu. Il ne subsiste qu’une des cinq agences bancaires.

L’ancien hôtel de police a brûlé, tout comme l’ancienne gendarmerie, déjà rasée. Le centre culturel est en cours de démolition. La station d’épuration est abîmée et deux écoles sont à rebâtir. Privées de 220 lampadaires, de nombreuses rues de la cité restent plongées dans le noir la nuit venue.

Assurances peu généreuses, bourses et aides sociales coupées ...

Dumbéa était le cœur de l'insurrection indépendantiste. Il y a eu trois morts en mai dernier et les émeutiers n'ont pas hésité à tirer sur les forces de l'ordre et sur la mairie. Quand le maire traverse ces rues aux cicatrices encore béantes, une question le hante : "Pourquoi ont-ils brûlé tout ce qui faisait leur quotidien ?"

Derrière ces ruines, il y a des vies suspendues. 600 personnes ont perdu leur emploi. Le centre commercial détruit n'est pas près de renaître de ses cendres. "Les assurances n'ont versé que 10 % de ce qu'elles nous doivent", rumine l'homme politique. C'est McDonald's qui rouvrira en premier, au mois de juin prochain. 60 emplois, par les temps qui courent, c'est toujours ça.

Mais le pire, c'est sûrement l'école. Le maire déclare qu'"il manque 400 gamins dont on ne sait pas trop où ils sont." Le Monde écrit aussi que les inscriptions à la cantine ont baissé de 40 %, alors que la province Sud, dirigée par la cheffe de file des Loyalistes, Sonia Backès, a coupé bourses et aides sociales, à Dumbéa, la pauvreté gagne du terrain".

Des négociations et de nouvelles élections au programme

Le nouveau ministre des Outre-Mers, Manuel Valls, était sur place la semaine dernière. Qu'est-ce qui peut faire bouger les lignes en Nouvelle-Calédonie ? Pour la première fois depuis quatre ans, l'ensemble des forces politiques, loyalistes et indépendantistes, se sont assis autour de la même table. C'est un petit signe d'espoir, un début de négociations avant un nouveau rendez-vous avec Manuel Valls à la fin du mois de mars 2025.

Trois grandes questions sont posées : le lien avec la France, la citoyenneté calédonienne et la gouvernance de la Nouvelle-Calédonie. Ce sont tous les points qui avaient servi de carburant aux émeutes. Des élections provinciales sont, quant à elles, prévues avant la fin de l'année 2025.

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